Patron, ça a eu payé, mais ça paye plus... en Suisse !

La chronique quotidienne de la Tribune inspirée par l'actualité. Aujourd'hui, les Suisses vont limiter les bonus des patrons, un problème que ne connaît pas le private equity américain, tandis que le patron de Groupon, débarqué, à défaut de "parachute doré" a de l'humour.
Tomas Minder, patron de PME et sénateur UDC (Union démocratique du centre, droite populiste), à l'origine du vote sur la rémunération des patrons. Copyright Reuters

La Suisse organisait une votation dimanche pour se prononcer sur la limitation des rémunérations des patrons. Majoritairement, les Helvètes se sont prononcés contre les « rémunérations abusives ». Le scrutin était organisé grâce à l'initiative d'un patron d'une PME familiale qui a recueilli un nombre suffisant de signatures de citoyens pour obtenir un référendum d'initiative populaire.

Amende voire emprisonnement

Certaines mesures devraient donc être appliquées dans un proche avenir : le mandat des  membres d'un conseil d'administration (CA) sera ramené à un an, et les formes de rémunérations de type « parachute doré » interdites ; le niveau de rémunération des membres du CA dont les fameux jetons de présence sera soumis et validé par l'assemblée générale des actionnaires ; la non application des deux règles précédentes sera sanctionné sous la forme d'une amende voire d'un emprisonnement.

Ce vote a également pris une résonnance particulière en raison du contexte : depuis quelques semaines, la prime de départ de 72 millions de francs suisses (60 millions d'euros) attribué à son patron sur le départ par le géant pharmaceutique Novartis, est devenu un scandale dans l'opinion. En percevant cette importante somme, ce patron s'engagaient à ne pas aller travaillez chez un conncurrent. Finalement, il y a renoncé.

Le risque de la perte de compétitivité

Les opposants au référendum, une large partie du milieu des affaires et de la finance, ont fait valoir que ces mesures entraîneront une baisse de la compétitivité du pays, la difficulté à recruter de nouveaux talents, ce qui se traduira par des pertes d'emplois.

Les conséquences pour un pays aussi riche que la Suisse seront intéressantes à analyser d'ici quelques années.

Ce qui est sûr, c'est qu'on ne verra pas s'installer le private equity américain dans les cantons suisses. Ce secteur ne connaît pas en effet ce genre de limite. Qu'on en juge! Les neufs patrons de sociétés de private equity ont empoché en 2012 à eux neuf plus d'un milliard de dollars (soit plus de 100 millions de dollars en moyenne chacun) sous forme de dividendes et bonus.

La fortune du private equity américain

Parmi ces sociétés, on compte quelques noms célèbres comme Apollo Global Management, Blackstone, Carlyle ou encore KKR. C'est d'autant plus remarquable que les patrons des grandes banques d'affaires comme JP Morgan, Morgan Stanley et autre Goldamn Sachs ont eux vu leurs bonus se réduire comme peau de chagrin. Ils ont reçu à eux tous, en tout et pour tout, selon les calculs du Wall Street Journal, moins de 100 millions de dollars à eux tous. Pratiquement des bonus à la prochaine mode suisse.

Il faut toutefois préciser qu'une des raisons pour lequelles ces patrons engrangent ces sommes rondelettes vient qu'à la différence de nombre de patrons managers de grandes entreprises, ils ont investi massivement dans leur propre société sous la forme d'une détention importante de capital.

Le principe responsabilité paie

Peut-être que lorsqu'on partage le risque lié à l'activité de sa société, on est plus attentif à son développement notamment sur le long terme que celui d'un manager qui sait qu'il ne tiendra au maximum que trois à cinq ans à la tête d'une entreprise dont il retirera des revenus élevés quelques soient les résultats. On appelle cela le principe responsabilité. Et des fois ça paye.


En matière de patron, ou plutôt d'ex-patron, celui de Groupon, Andrew Mason, s'est taillé un franc succès sur la toile en annonçant avec humour à travers une lettre son éviction du site internet spécialisé dans les offres promotionnelles pour cause de faibles résultats. On ne sait pas quelles sont ses indemnités de départ, sûrement pas celles du patron de Novartis.

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