La disparition de la biodiversité, l'autre pollution

Un rapport des Nations unies souligne le coût de la perte de la biodiversité. Comme elles le font désormais pour leurs émissions de CO2, les entreprises doivent agir.

Entre 1949 et 1981, la Chine a coupé 75 millions d'hectares de forêt, un peu plus que la surface de la France. En 1997, elle en a payé le prix. Une sécheresse a quasiment fait disparaître le fleuve Jaune, qui est resté sans eau pendant 267 jours. Les industries, les agriculteurs et les résidents qui dépendaient de cette eau ont subi de très graves difficultés. Inversement, l'année suivante, des inondations soudaines se sont produites dans la rivière Yangtze, faisant 4.150 morts. Ces drames humains ont désormais un coût financier. Une étude, coordonnée par le PNUE (Programme des Nations Unies pour l'environnement) et publiée ce mardi, estime que le coût entraîné par la perte de l'écosystème en raison de la déforestation chinoise s'élève à 12 milliards de dollars. Une somme qui recouvre une productivité agricole réduite, des travaux de prévention des inondations, l'impossibilité de transporter des marchandises par voie d'eau... Au total, ce coût serait au moins deux fois supérieur aux revenus des arbres coupés.

Cet exemple choc doit faire prendre conscience aux entreprises de l'intérêt ? et du prix ? de la biodiversité. La publication du rapport coïncide avec une grande conférence organisée ce mardi à Londres par le gouvernement britannique sur le sujet, destinée à attirer l'attention des entreprises. En effet, les grandes sociétés, si elles s'intéressent désormais à leurs émissions de gaz à effet de serre, ont du retard en ce qui concerne la biodiversité. C'est particulièrement vrai en Europe et en Amérique du Nord, où seuls 18 % et 14 % des PDG interrogés se disent préoccupés par le sujet. Inversement, en Amérique latine, ils sont 53 % à être inquiets.

Règles plus contraignantes

Le rapport estime pourtant que cela pourrait bientôt changer. D'abord parce que c'est actuellement « l'année de la biodiversité », lancée par l'ONU, qui doit culminer lors d'une conférence en octobre à Nagoya, au Japon. Ensuite, le « marché » de la biodiversité commence à émerger, sous l'impulsion de régulations de plus en plus contraignantes, comme cela a été le cas pour le CO2. C'est notamment vrai pour le bois. De plus en plus de pays (et la semaine dernière, l'Union européenne) imposent que l'origine du bois soit certifiée durable, et que cela s'accompagne d'un programme de plantation. Selon l'étude du PNUE, le marché du bois certifié, actuellement de 5 milliards de dollars, devrait avoir triplé d'ici 2020, et potentiellement décuplé d'ici 2050.

Quelques grandes entreprises commencent à appréhender le sujet. Le rapport cite le géant minier anglo-australien Rio Tinto, qui s'est engagé depuis 2004 à avoir un « impact positif » sur la biodiversité, notamment en « compensant » l'impact de ses mines à Madagascar ou en Australie, notamment par des programmes de reforestation.

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