Les "bons Américains" se convertissent à la voiture électrique

Plusieurs nouveaux modèles seront lancés cet automne par General Motors, Nissan et Mitsubishi. Avec le soutien du gouvernement et des élus.

A l'avenir, ceux qui conduiront une voiture conventionnelle seront considérés comme de « mauvais Américains », des gens qui préfèrent polluer l'air et envoyer un milliard de dollars par jour à l'extérieur du pays pour acheter du pétrole », dixit Paul Scott, le vice-président de Plug In America, une association qui milite en faveur de la voiture électrique. L'argument n'a pas encore été pleinement développé que, déjà, l'état d'esprit change aux États-Unis.

Dans un pays où conduire est considéré comme un droit divin, les initiatives en faveur de la voiture électrique se multiplient. Au niveau des constructeurs, d'abord, puisque cet automne, les Américains découvriront la Chevrolet Volt de General Motors, la Nissan Leaf et la Mitsubishi I-MiEv tandis que, depuis le 1er juillet, ils peuvent conduire le Roadster 2.5 du californien Tesla. Au niveau des élus au Congrès, ensuite. Au-delà d'une enveloppe de 2,4 milliards de dollars, visant à encourager l'industrie de la batterie électrique, et d'avantages fiscaux consentis pour les acquéreurs de voitures électriques, deux mesures incluses dans le plan de relance économique voté par le Congrès au début 2009, la commission de l'Énergie et des Ressources Naturelles du Sénat vient d'approuver un texte qui allouerait, s'il est voté par les deux Chambres, une somme d'environ 4 milliards de dollars en faveur de ces nouveaux véhicules. Sur ce montant, 1,5 milliard serait utilisé pour la mise en place d'un réseau de chargement des batteries et 2 milliards financeraient des initiatives visant à mettre en circulation 400.000 véhicules électriques en trois ans. Fait remarquable à Washington, ce dernier texte a reçu l'aval d'élus des deux partis. « Notre but est d'électrifier la moitié de la flotte de voitures et de camions d'ici une vingtaine d'années », a expliqué le sénateur Lamar Alexander, un républicain du Tennessee.

Et bien entendu, les « bons » Américains peuvent compter sur l'appui du président Obama. Devant les caméras, celui-ci n'a-t-il pas récemment essayé une Chevrolet Volt, qu'il a qualifiée d'élément fondamental pour l'avenir de General Motors ? « Nous sommes en passe de créer une véritable industrie de batteries électriques », a déclaré Barack Obama. Alors que les États-Unis n'affichent qu'une part de marché de 2 % actuellement, « nous nous attendons à en avoir une de 40 % en 2015 », a-t-il ajouté. Rétifs pendant des années à l'innovation électrique, les constructeurs américains évoluent donc.

" Capitale électrique "

Reste à savoir si la demande sera au rendez-vous. Le prix du Roadster de Tesla, un coupé sport, est élevé (plus de 100.000 dollars) mais celui de la Volt n'est que de 41.000 tandis que la Leaf s'affiche à 33.000, auxquels s'ajoutent 2.200 dollars pour le chargeur. Certes, un véhicule standard coûte moins de 30.000 dollars. Mais le crédit d'impôt vient soustraire 9.500 dollars à l'achat d'une voiture électrique, et même plus, dans certains États comme la Californie. Mieux, le prix des batteries comme des véhicules devrait baisser, à mesure que la demande progresse. Et, font valoir les promoteurs du tout-électrique, une fois achetée, une voiture électrique ne revient qu'à 75 cents les 40 kilomètres, contre 3 dollars pour une voiture conventionnelle.

Quant au problème de l'autonomie, encore limitée pour les véhicules électriques, les experts relèvent que la Nissan Leaf peut rouler 160 kilomètres avant d'avoir à être rechargée et que la distance moyenne parcourue par 90 % des Américains n'est que de 80 kilomètres chaque jour, voire moins. Il faudra quand même disposer de stations de recharge. Aussi, le réseau ChargePoint America promet d'équiper le pays de plus de 1.000 points d'ici à décembre 2010, auxquels s'ajouteront quelque 3.600 stations l'année suivante. Pas de quoi traverser les États-Unis, certes, mais il n'empêche, les choses avancent outre-Atlantique... D'autant que tous les États se convertissent aujourd'hui. Ainsi, la ville de Houston, en pleine région pétrolière, a décidé de décrocher le titre de « capitale électrique » du pays ! Pour ce faire, la municipalité a noué un partenariat avec Nissan et Reliant Energy afin de mettre sur pied un réseau de stations de chargement de batteries pour des voitures fabriquées par Nissan. Et la mode touche bien d'autres villes. À New York, le maire Michael Bloomberg vient d'inaugurer en fanfare la première station de recharge de Manhattan.

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