Les industriels du solaire s'inquiètent du coup de frein gouvernemental

Le rapport Charpin irrite à la veille de la concertation voulue par Jean-Louis Borloo.

« Drôle de logique que celle qui consiste à réformer avant et se concerter après », s'exclame l'Association des roducteurs d'énergie solaire indépendants (Apesi). Les industriels français, interloqués par la baisse des tarifs de rachat intervenue au 1er septembre, en même temps que l'annonce par le ministère de l'écologie d'une « concertation » cet automne sur l'évolution de la filière photovoltaïque, n'ont pas été rassurés par la publication en fin de semaine dernière du rapport Charpin sur « la régulation et le développement » de cette filière.

Premier sujet d'inquiétude, le plafonnement annuel des installations à 500 MW (contre 700 à 800 MW attendus en 2010), pour limiter le coût des subventions. Richard Loyen, délégué général d'Enerplan, qualifie ce rapport de « faire-part de deuil de la filière photovoltaïque française » et s'insurge qu'un objectif fixé en 2007 (5,4 GW de capacité installée en 2020) devienne un plafond « alors que les prix et la technologie ont tellement évolué depuis, et que l'Allemagne devrait avoir installé 20 GW dès 2013 ». « Si le premier arrivé est le premier servi, cela va se traduire par une course au mauvais projet », prédit David Corchia, directeur général d'EDF Energies Nouvelles. « Ce seuil signifierait le dépôt de bilan assuré pour les petits producteurs car aucun investisseur ne les accompagnera avec un tel taux d'incertitude sur le tarif », s'indigne l'Apesi.

Les PME s'inquiètent donc face à des propositions comme le recours aux appels d'offres pour les centrales au sol ou la subvention de la R&D, favorables aux grands groupes. Et la profession s'étrangle qu'on lui reproche son manque de compétitivité, deux ans à peine après le démarrage de la filière.

contre-feux

Au ministère de l'écologie, on tente d'apaiser les esprits. « Pour remettre les volumes en ligne avec le Grenelle, nous allons essentiellement proposer la dégressivité tarifaire évoquée par le rapport Charpin », explique-t-on, en amont de la concertation qui doit s'ouvrir mi-septembre pour aboutir « au plus tard dans le courant du premier trimestre 2011 ». Alors que certains professionnels anticipent une nouvelle baisse des tarifs de rachat au 1er janvier 2011, le rapport propose, pour limiter la demande des particuliers entre 100 et 150 MW par an, une baisse de ce tarif de 2,5 % par trimestre si les dossiers restent dans ce volume. Avec une diminution de prix plus faible si l'engouement pour le photovoltaïque est moindre, et supérieure si les demandes sont plus nombreuses (voir graphique). M. C. L et D. P.

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