Rhodia entre sur le marché du solaire, par la porte organique

Si les Français ont raté le train des technologies solaires de première et deuxième générations, ils semblent vouloir monter dans celui de la troisième génération, un marché à peine émergent. Le chimiste Rhodia devient le troisième acteur national à s'intéresser de près au photovoltaïque organique (OPV), après les investissements du pétrolier Total dans l'américain Konarka (25% du capital) et la diversification récente du spécialiste de l'imprimerie Armor.

Si les Français ont raté le train des technologies solaires de première et deuxième générations, ils semblent vouloir monter dans celui de la troisième génération, un marché à peine émergent. Le chimiste Rhodia devient le troisième acteur national à s'intéresser de près au photovoltaïque organique (OPV), après les investissements du pétrolier Total dans l'américain Konarka (25% du capital) et la diversification récente du spécialiste de l'imprimerie Armor.

Rhodia vient de prendre 30% de la start-up britannique Eight19 pour un montant non dévoilé. Au total, cette société a levé 4,5 millions de livres (5,4 millions d'euros), lors d'un tour de table mené par le fonds public britannique Carbon Trust, devenu son actionnaire de référence.

Un marché tout juste émergent

Le marché du photovoltaïque organique, aujourd'hui quasi inexistant, pourrait atteindre 500 millions de dollars en 2015, puis 2 milliards en 2020, selon les prévisions du cabinet Nanomarkets.

Le photovoltaïque organique utilise des polymères organiques semi-conducteurs, imprimables sur des supports flexibles. La technologie peut être déployée de manière très souple et légère. Le premier marché est formé par les applications mobiles (électronique, vêtements, mobilier urbain, etc.), mais le plus gros potentiel des technologies OPV est le solaire intégré au bâti (BIPV).

C'est la première incursion sur le marché du solaire pour Rhodia, qui voit plusieurs synergies possibles entre son activité de chimiste et le photovoltaïque organique. Le groupe est par ailleurs engagé sur d'autres fronts en matière d'environnement, avec sa filiale Rhodia Energy Services par exemple, qui a investi dans des projets de biogaz en 2009. Le groupe (4 milliards de chiffre d'affaires et 13.600 employés) travaille aussi au développement d'une chimie plus verte.

8 minutes et 19 secondes

Fondée il y a moins de deux ans par trois chercheurs, dont le professeur Richard Friend, Eight19 est un essaimage de l'Université de Cambridge et vise à produire des cellules photovoltaïques organiques à un prix très compétitif par rapport aux 1ère et 2ème générations solaires (le silicium cristallin et les technologies couches minces). Le nom de la société vise à souligner que la lumière du soleil met 8 minutes et 19 secondes pour arriver sur Terre.

Les fonds collectés par Eight19 serviront à financer la phase de prototypage de la technologie, d'une durée de 2 ans environ. La start-up devrait ensuite réaliser une deuxième levée de fonds pour financer le développement d'un pilote industriel. Une phase qui s'étendra également sur 2 ans.

Alors que le Carbon Trust a vocation à soutenir l'amorçage de la société, Rhodia veut s'inscrire durablement au côté de Eight19 en lui apportant son expertise industrielle et sa puissance en matière de R&D, notamment ses connaissances en matière de chimie de formulation, de synthèse des polymères ou encore son expertise en matière de Terres Rares.

Un challenge technique

Les défis du photovoltaïque organique sont encore nombreux pour augmenter le rendement énergétique de cette technologie, aujourd'hui compris autour de 5 à 8%. Pour autant, la marge de progression est significative et tout l'enjeu de ces cellules est d'arriver à un coût de production au moins deux fois moindre que celui des premières générations solaires.

Aujourd'hui tout reste à faire en matière de solaire organique, même si plusieurs acteurs importants sont déjà bien engagés, comme les américains Konarka (soutenu par Total), Plextronic et Solarmer ou encore l'allemand Héliatek (soutenu par Bosch, BASF et RWE Innogy).

 

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