Biomasse : un gisement de ressources naturelles mal exploité en France

Couverte d'une des forêts les plus importantes d'Europe, la France est pourtant importatrice nette de bois, notamment pour la production d'énergie.
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Il ne faudrait pas commettre sur la biomasse la même erreur que sur le photovoltaïque », met en garde Alexis Broders, directeur général de Neoen, l'un des rares acteurs de la biomasse en France aux côtés des filiales de GDF Suez, EDF et Veolia. Autrement dit, accumuler du retard sur les projets et les capacités de production, et in fine creuser le déficit commercial français, comme l'a souligné le rapport Charpin au sujet des panneaux solaires.

D'origine animale ou végétale, la biomasse désigne les matières organiques susceptibles de dégager de l'énergie. En dehors des biocarburants, le bois constitue le gros de la production française. Déjà première source d'énergie renouvelable en France, la biomasse devrait voir sa contribution augmenter encore pour représenter 50 % de la production d'énergie « verte » en 2020 et permettre à l'Hexagone de remplir son objectif de 23 % d'énergie renouvelable.

La volonté politique de développer la filière est régulièrement réaffirmée. Le tarif de rachat de cette énergie a doublé le 1er janvier, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) est sur le point de lancer son quatrième appel d'offre biomasse et le fonds chaleur de l'Ademe dispose d'un budget d'un milliard d'euros de 2009 à 2013 pour financer la production de 50 Twh d'énergie thermique.

Peu de projets

Malgré ces mesures, peu de projets ont jusqu'ici vu le jour. En cause, notamment, la difficulté de sécuriser des approvisionnements en matière première. La France affichait en 2008 un déficit extérieur de 6,3 milliards sur le bois, malgré le troisième potentiel forestier d'Europe. Mais les forêts françaises sont morcelées, aux mains de multiples petits propriétaires, peu incités à mieux exploiter leur patrimoine.

Foncière Forestière, créée par une filiale de Financière de Champlain, acquiert des massifs forestiers pour les gérer durablement et permet actuellement au grand public d'investir en bénéficiant des avantages fiscaux de la loi Tepa. Selon différentes études, une meilleure exploitation permettrait de multiplier la ressource disponible par 10, à comparer avec une demande multipliée par 7 à 9 entre 2010 et 2011. « D'autres pays européens s'intéressent au potentiel français », assure Vincent Arnaud, gérant de Foncière Forestière. « Ce n'est pas forcément une bonne idée de laisser filer notre matière première à bas coût à l'étranger », observe Alexis Broders.

En revanche, la biomasse implique un vrai savoir-faire d'énergéticien, que les industriels français peuvent valoriser à l'étranger, comme l'illustre l'exploitation par GDF Suez en Pologne de la plus grande centrale à biomasse au monde. Outre la réduction du déficit commercial, une meilleure organisation de la filière en France favoriserait l'émergence d'autres industriels susceptibles à leur tour d'exporter leur savoir-faire.

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