La finance carbone n'aide guère les villes à réduire leurs émissions

En première ligne dans la lutte contre le changement climatique, les villes ont encore peu accès aux financements prévus par le protocole de Kyoto.
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La cause est entendue. « La lutte contre le changement climatique se gagnera dans les villes », martèle Pierre Ducret, président de CDC Climat, filiale de la Caisse des dépôts dédiée au changement climatique. Les chiffres lui donnent raison. Les villes concentrent déjà 50 % de la population mondiale, consomment les deux tiers de l'énergie et sont responsables de 70 % des émissions de gaz à effet de serre. Et ce n'est qu'un début si l'on en juge par l'urbanisation galopante. En outre, de la construction aux transports en passant par la gestion des déchets, les autorités urbaines peuvent influer directement sur leurs émissions.

Les projets qui s'accompagnent d'autres avantages que la seule diminution de ces émissions (par exemple, la disparition de mauvaises odeurs), figurent parmi les rares ayant réussi à décrocher des fonds issus de la « finance carbone ». Sur quelque 5 milliards de dollars, en 2008, moins de 10 % des MDP (mécanismes de développement propres, pour les pays du Sud) et MOC (mises en oeuvre conjointes, dans les pays développés) concernaient des projets urbains.

Marchés locaux

Ces mécanismes du protocole de Kyoto sont destinés à financer le coût d'une technologie permettant de réduire les émissions d'une installation, qu'il s'agisse de production d'énergie ou de transformation de déchets. Ou même d'amélioration de l'efficacité énergétique dans les bâtiments ou les transports. Mais pour ces secteurs, les méthodologies de calcul des émissions évitées ne sont pas encore au point. En outre, la conception et la mise en oeuvre de « projets Kyoto » sont longues et coûteuses, et requièrent des compétences spécifiques encore peu répandues dans les équipes municipales. Comme le montre une étude conjointe de l'OCDE et de CDC Climat, les projets urbains les plus représentés recourent à des technologies simples et éprouvées présentant une bonne rentabilité, comme la production d'énergie à partir de gaz de décharges.

Autres facteurs de réussite, un soutien du secteur privé en matière de technologie et de gestion des risques, une forte volonté politique et une bonne gouvernance. Selon l'OCDE, pour que les projets urbains accèdent plus facilement à la finance carbone, les gouvernements nationaux doivent mieux reconnaître le rôle des villes, les accompagner et pousser leurs projets auprès de la CCNUCC (Conférence-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques). Laquelle doit établir une méthodologie pour mesurer les résultats des projets urbains et clarifier le devenir du protocole de Kyoto après 2012.

Mais ces axes de progrès ne doivent pas faire oublier que d'autres pistes existent en dehors de la finance carbone internationale. Par exemple, des marchés du carbone locaux, comme celui instauré à Tokyo, ou encore des projets de compensation à l'échelle nationale. Sans compter, pour revenir à des outils plus traditionnels, un « verdissement » de la fiscalité. Autrement dit, une allocation de ressources prenant davantage en compte les caractéristiques environnementales des projets.

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