La science écoresponsable attire les femmes

L'Oréal et l'Unesco ont distingué des scientifiques qui mènent leurs recherches dans le respect de l'environnement.

Originaires du Costa Rica, des Comores, du Cameroun, d'Espagne ou du Mexique, cinq chercheuses s'efforçant de concilier science et environnement ont reçu, la semaine dernière à Paris, un prix du « Programme pour les femmes et la science », organisé pour la douzième année par L'Oréalcute;al (via sa Fondation depuis 2007) et l'Unesco.

Parmi les vingt candidates, cinq femmes, reliées par une même préoccupation de respect de l'écosystème et la découverte d'alternatives « vertes » ont été distinguées. Quatre jeunes boursières et une scientifique émérite...

Maria Gabriela Gei, du Costa Rica, travaille sur une espèce de légumineuse de la famille des Fabaceae et teste l'apport de cette plante pour régénérer les sols. La Comorienne Djoudi Roukia, spécialiste de biomolécules marines sécrétées par des organismes des mers tropicales servant de marqueurs environnementaux, entend surtout protéger l'archipel des Comores, mais ses recherches pourraient également déboucher dans le domaine médical. L'Espagnole Maria-Teresa Guardiola-Claramonte s'intéresse à la maîtrise des risques environnementaux et sanitaires liés à la réutilisation des eaux usées pour l'agriculture et s'apprête à partir mettre ses recherches en application dans la ville syrienne d'Alep. La Camerounaise Marietta Solange Soupi Nkeutcha cherche à mettre au point une variété de cacaotiers résistants et nécessitant moins de traitements chimiques.

«Très manuel »

Alejandra Bravo, biologiste mexicaine de renom, est l'une des cinq lauréates 2010 et a été choisie pour l'Amérique latine. Elle est aussi l'une des premières candidates il y a près de trente ans au programme de recherche biomédicale de l'Université nationale du Mexique (Numa), - sa « maison » dont elle se déclare « très fière ». Dès l'âge de 19 ans, elle a eu la responsabilité de son propre projet. Ses travaux ont commencé par une collection de bactéries Bt extraites d'échantillons du sol mexicain. « C'était très amusant, très manuel, un peu comme de faire la cuisine », se rappelle-t-elle. Et même si elle encadre maintenant une équipe, elle tient à essayer elle-même tous les nouveaux équipements que reçoit son laboratoire.

Depuis 1992, elle étudie l'action insecticide d'une toxique bactérienne, la Bacillus thuringiensis (Bt), dénuée de toute retombée toxique. « Les insectes sont responsables de la perte de 20 % à 30 % des récoltes dans le monde », précise Alejandra Bravo. Mais les insecticides chimiques, largement utilisés aujourd'hui (encore 95 % du marché), qui éliminent tous les insectes sans distinction et restent dans la nature pour une durée prolongée, produisent des effets nocifs à la fois sur la santé et sur l'environnement. « Les agriculteurs préfèrent un seul produit capable de tout traiter, et qu'ils peuvent utiliser n'importe quand, ce qui n'est pas le cas des insecticides naturels », regrette-t-elle. Ses travaux s'attaquent à déjouer la résistance développée par certains insectes aux toxines trop massivement employées, notamment au Mexique dans les années 1960. Un enjeu justement accru par le changement climatique, « qui va modifier profondément notre environnement, et favoriser l'apparition de nouvelles familles d'insectes nuisibles et d'épidémies liées à des bactéries ou des virus ».

Sans sexisme

Alejandra, dont les deux enfants semblent eux aussi se destiner à des carrières scientifiques, affirme n'avoir jamais été victime de sexisme dans sa carrière. Mais elle regrette que, sur les quarante équipes de recherche de son université, dix seulement soient dirigées par des femmes. Elle reconnaît par ailleurs sa chance d'avoir bénéficié d'un soutien sans faille de son époux, encore un scientifique, avec lequel elle s'apprête à célébrer vingt-cinq ans de mariage.

 

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