Danone s'engage dans la chasse au carbone

Le géant des produits laitiers se réorganise pour réduire de 30 % ses émissions carbone d'ici à 2012. Danone intègre même cette dimension dans l'intéressement de ses 1.400 dirigeants.

Cent dix « carbone masters » (animateurs carbone) hantent les réunions de Danone depuis un an. Leur rôle : s'assurer que tous les projets prennent en compte les nouvelles ambitions environnementales du groupe. Car, pour ne pas risquer de se faire taxer de « green washing », le propriétaire de Danette, Evian et autres petits pots Blédina s'est fixé l'objectif ambitieux de réduire de 30 % ses émissions de CO2 d'ici à 2012. « Nous intégrons la nature au sein de notre vision économique pour assurer la pérennité de l'entreprise », déclare Bernard Giraud, le directeur du développement durable. Pour cela, Danone a fait évoluer son organisation. Une directrice générale et un directeur financier, qualifiés tous deux de « nature », reportent désormais directement au comité exécutif. Ils sont aidés par nos fameux 110 sbires du carbone répartis à travers le monde. Surtout, les 1.400 plus hauts dirigeants ont désormais un objectif de réduction du carbone intégré dans leur bonus. « C'est fou ce que ça motive », s'amuse Myriam Cohen-Welgryn, la fameuse DG nature, qui s'étonne d'avoir reçu plus de 60 projets de réduction du CO2 après la mise en place de cette mesure, alors qu'elle n'en attendait qu'une vingtaine.

Dans un premier temps, l'objectif fut de mettre en place un outil de mesure de l'empreinte carbone, de la matière première à la table des consommateurs. Baptisé « Danprint », il a été progressivement déployé dans toutes les filiales sur 1.200 références depuis 2008. Il devrait même bientôt être intégré au logiciel SAP qui pilote toute l'entreprise. « Les salariés pourraient ainsi faire leurs achats de matières ou de machines en connaissant l'impact carbone de chaque option », se félicite Bernard Giraud.

« Réduction d'emballages »

Pour le moment, le constat fait peur : Danone dégage 17 millions de tonnes de CO2, dont 10 millions correspondant à l'amont agricole sur lequel il a peu prise. La réduction des 30 % porte sur les 7 millions restants. Mais des résultats sont déjà là. « Nous n'avons pas attendu ce grand chantier et nous avions fixé, dès 2000, des objectifs de réduction d'énergie, d'eau, d'emballage, etc., que nous avons quasiment tous dépassés », explique Myriam Cohen-Welgryn. En 2009, la branche produits laitiers frais a ainsi réduit sa consommation d'énergie de 11 %. Et les projets s'accumulent. Dans celui baptisé « Foam », la quantité de plastique des pots de yaourt est réduite par injection de bulles d'air. En France, les suremballages sont retirés des pots de Taillefine et d'Activia. Dans l'eau minérale, le plastique recyclé passera de 8 % des bouteilles en 2009 à 20 % en 2011 et 50 % à terme. Côté transport, Evian et Volvic prennent de plus en plus le train, etc.

Pour aller encore plus vite, Danone invite désormais ses fournisseurs à suivre son exemple. Une vingtaine ont déjà signé son pacte carbone. Enfin, le groupe grappille encore des crédits carbone en replantant des mangroves au Sénégal. Mais, au lieu de revendre ces crédits à d'autres, il les garde pour embellir son image. Jusqu'au-boutiste !

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.