Quand le textile se distingue par une démarche durable

Comment faire de l'écoconception un avantage concurrentiel sur un marché globalisé ? Réponse avec les Tissages de Charlieu.

éric Boël, l'un des participants au colloque dédié cette semaine à l'écoconception à la Cité du design de Saint-Etienne, n'est pas un doux rêveur. Pour le gérant des Tissages de Charlieu (50 salariés et 7 millions d'euros de chiffre d'affaires) le développement durable est « un modèle économique responsable qui répond aux attentes et aux contraintes du marché ». Son équipe de R&D, qui crée 400 nouveaux tissus par mois, a d'abord conçu des tissus pour sièges d'avions dans une démarche durable. 20 % plus légers que ceux en laine ou polyamide, lavables à l'eau et non à sec, ignifuges, ils consomment moins de kérosène, de solvants et de traitement ignifuge riche en métaux lourds et équipent déjà plus de 250 avions et hélicoptères.

Le coton, une bombe écologique

Eric Boël souhaite étendre cette démarche à d'autres entreprises de la filière. « Le coton est la fibre la plus vendue au monde. Sa production occupe 2,5 % des surfaces cultivées et engloutit 25 % des pesticides et herbicides. C'est une bombe écologique », constate-t-il. C'est avec la conviction que « le développement des entreprises ne pourra se faire que s'il est économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement responsable », qu'il a créé le groupement Altertex. Objectif, porter de 1 % à 20 % en cinq ans la part de marché du « textile éthique », en démontrant que « bio ne rime plus avec moche ». Et en mettant le « surcoût durable » des fibres bio en pied de facture, de la filature jusqu'au point de vente. « Nous nous engageons à ne pas marger sur ce coût, explique-t-il. Pour un chemisier de 300 grammes en coton bio, cela représente 30 centimes d'euro, répercutés sur le prix de vente final. »

Une cinquantaine d'entreprises françaises, filateurs, tisseurs, tricoteurs, ennoblisseurs, confectionneurs, distributeurs, soit 1.200 salariés et un chiffre d'affaires cumulé de 230 millions d'euros, ont signé la charte Altertex, soutenue par le pôle de compétitivité Techtera, Oseo et l'Union des industries textiles.

2010 et 2011 seront consacrées à la gouvernance de ce groupement, la traçabilité, la certification et le recyclage, un « sujet majeur » pour Eric Boël. « Sur les 100.000 tonnes de vêtements recyclés chaque année, seule une petite partie est effilochée, il y a donc un gisement colossal à exploiter », observe le patron soucieux du maintien des emplois.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.