Des minichâteaux au musée vivant de l'âne, la « parcomania » de Fabrice Durand-Allizé

Où s'arrêtera la « parcomania » de Fabrice Durand-Allizé ? Deux ans après avoir monté à Lussault, près d'Amboise, en Indre-et-Loire, « le plus grand aquarium d'eau douce d'Europe » (450.000 visiteurs en 1995, 22 millions de francs de chiffre d'affaires annoncé pour 1995), ce PDG de vingt-sept ans a ouvert depuis le 1er mai, toujours à Amboise, sur un site de deux hectares, un miniparc de maquettes répliquant au 1/25 une quarantaine de châteaux de la Loire. Jouxtant cette première attraction qui comprend également une salle de projection de films en 3D, ce jeune chef d'entreprise a aussi créé un musée vivant de... l'âne. Baptisé le « Fou de l'âne », ce parc « récréatif et pédagogique » propose à ses visiteurs une cinquantaine d'espèces différentes. Accueillie parfois avec scepticisme, cette offre touristique pour le moins hétéroclite serait de nature « à revitaliser la fréquentation des châteaux de la Loire, qui a chuté entre 5 et 50 % selon les sites », affirme un porte-parole du groupe Durand-Allizé. « Il n'est pas question pour nous d'entrer en concurrence avec les vrais châteaux. Nous ne sommes pas un ersatz, mais un produit d'appel qui profitera à l'ensemble des infrastructures touristiques du val de Loire. » Ainsi, une structure d'information devrait-elle être prochainement installée sur le site et jouer le rôle d'office du tourisme pour l'ensemble des attractions de la région. Une façon de désamorcer certaines critiques qui voient dans ce projet une « tentative de cannibaliser et de dévoyer le patrimoine touristique et culturel du val de Loire »... Près de 40 millions investis. Les sceptiques ont dû se raviser. Car, depuis son ouverture et malgré des conditions météorologiques détestables, le parc des minichâteaux aurait d'ores et déjà accueilli près de 80.000 visiteurs. Au total, sur les trois sites, Fabrice Durand-Allizé envisage de réaliser pour la première saison près d'un million d'entrées, soit un chiffre d'affaires d'environ 60 millions de francs. « Ce qui nous permettrait de devenir la première attraction touristique de la région, devant Chambord et Chenonceaux... » et de justifier au passage des investissements importants (40 millions de francs, dont 25 % en autofinancement) consentis pour l'ensemble de cette off touristique. « Des investissements qui restent toutefois raisonnables, indique le porte-parole du groupe. Par exemple, le Futuroscope qui attire environ trois millions de visiteurs par an a nécessité près de deux milliards de francs d'investissement. » Ascension ultrarapide. Toutefois, certains analystes financiers s'interrogent : la montée en puissance ultrarapide (le chiffre d'affaires 1994 n'était que de 12 millions de francs pour 1,2 million de francs de résultat net) du groupe Durand-Allizé - un holding en cours de constitution devrait prochainement chapeauter l'ensemble des sociétés - est-elle raisonnable ? N'est-il pas temps de consolider ses acquis ? Fabrice Durand-Allizé n'en a cure. Résolu à ne pas épargner ses prêteurs (Crédit Mutuel, Crédit Agricole, Caisses d'Epargne, Centre Val de Loire et la Sodecco), il étudie d'ores et déjà de nouveaux projets. Ainsi, la labellisation de ses parcs thématiques pourrait-elle se traduire par l'ouverture de minichâteaux et de Fou de l'âne dans d'autres régions, notamment dans le Bordelais. Le développement de la commercialisation de produits dérivés est également à l'ordre du jour. Enfin, et ce n'est pas le moindre, le groupe (qui affirme avoir créé 80 emplois fixes à fin 1996) envisage d'implanter, en 1998 à Sénart, dans l'Essonne, le plus grand aquarium d'eau de mer d'Europe. L'investissement programmé serait de l'ordre de 100 millions de francs. Claude Lucas, à Tours
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