" Russia Inc. " intensifie son offensive sur le grand business mondial

Stimulés par les cours record des matières premières et d'excellents résultats financiers, les grands groupes métallurgiques russes fondent comme des oiseaux de proie sur le capital de la " world company ". La Banque centrale de Russie indique que les firmes russes ont réalisé 47,8 milliards de dollars d'investissements directs à l'étranger (IDE), soit exactement le double de ce qu'elles avaient dépensé en 2006 (23,5 milliards de dollars). Logique, puisque les IDE russes doublent chaque année depuis 2004 ! La moisson faramineuse de l'année écoulée fait en comparaison pâlir la croissance des IDE vers la Russie, qui ne progresse " que " de 57,5 % par rapport à 2006, toujours selon la banque centrale russe.Dernière cible : la Chine. Ce mois-ci, le leader de la sidérurgie russe, Evraz, annonce un investissement de 1,5 milliard de dollars pour 51 % de Delong. Quelques semaines plus tôt, le leader mondial de l'aluminium, UC RusAl, annonçait la construction d'une fonderie de 500.000 tonnes par an en Chine pour prendre pied sur le principal marché mondial. UC RusAl possède désormais une assise sur tous les continents de la planète, y compris en Afrique et en Australie. Les sidérurgistes russes Evraz, Severstal et NLMK focalisent leur attention sur l'Europe et particulièrement sur les États-Unis dans le but d'acquérir des technologies récentes, mais surtout pour s'installer sur le premier marché mondial. Vladimir Poutine et son dauphin Dmitri Medvedev incitent publiquement les oligarques à profiter des cours record des matières premières conjugués avec la déprime boursière provoquée par la crise des subprimes pour fondre sur les actifs occidentaux affaiblis.PESER SUR L'ECONOMIE GLOBALELe Kremlin voit dans ces acquisitions le moyen d'augmenter son influence sur l'économie globale. Le plus actif d'entre eux, Oleg Deripaska (Basic Element et UC RusAl), a déboursé 1,5 milliard de dollars pour 20 % du groupe automobile canadien Magna et 1,6 milliard pour 30 % du groupe de BTP autrichien Strabag. Vladimir Potanine reste à ce jour l'auteur de la plus grosse transaction avec 6,2 milliards de dollars dépensés par son groupe, Norilsk Nickel, pour 100 % du canadien LionOre. Parfois aussi adroit qu'un éléphant dans un magasin de porcelaines, le Kremlin (avec ses oligarques vassaux) n'est pas toujours bien accueilli en terre étrangère. Lorsqu'en 2006 la banque d'État VnechTorgBank a pris subrepticement sur le marché 5 % du très stratégique EADS alors affaibli en Bourse, les Européens ont vu rouge. Au point de déterminer Bruxelles à initier une réflexion sur la possibilité de monter des barrières juridiques contre l'invasion des capitaux venant des pays émergents. Le Kremlin a mis un certain temps pour comprendre qu'il gaspillait son capital confiance déjà pas très élevé. Car, malgré le rattrapage des Russes, le pays reste loin derrière l'Inde et la Chine, qui ont dépensé chacun autour de 70 milliards de dollars l'année dernière pour des actifs rien qu'en Europe.
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