Derrière la vitrine des JO de Pékin, un océan de sous-développement

Les jeux Olympiques d'été approchent. Pékin, et derrière lui la Chine tout entière, se prépare à cet événement. Les autorités chinoises veulent en effet utiliser les Jeux comme une vitrine pour "montrer que la Chine est un pays riche en histoire et en civilisation. Nous voulons aussi que le monde entier constate les progrès économiques et sociaux du pays", comme l'explique Liu Qi, le secrétaire du Parti communiste de Pékin et président du comité d'organisation des Jeux. UNE QUESTION D'HONNEURLa Chine ne veut plus apparaître comme un pays pauvre, dont le développement économique serait à la traîne derrière celui de l'Occident, mais aussi de ses voisins japonais ou sud-coréen. Pour une question d'honneur, elle veut cacher une réalité que la transfiguration de ses principales métropoles, Pékin et Shanghai en tête, parvient à cacher : fin 2006, le revenu mensuel moyen des citadins s'élevait ainsi à 11.759 yuans, celui des ruraux à 3.587 yuans (1.600 et 490 dollars) ; avec un PIB par habitant de 7.726 dollars, elle n'est classée qu'à la 86e place mondiale et reste considérée comme un pays en développement. À se promener dans les campagnes, on pourrait même parler de pays sous-développé tant les infrastructures et les services publics apparaissent - lorsqu' ils existent - délabrés. Selon la Banque mondiale, 10%de la population consomme pour moins de 1 dollar par jour.À vouloir paraître belle, la Chine mêle vitesse et précipitation, auxquelles s'ajoute la volonté des entrepreneurs de rogner sur tous les coûts. Mi-août, un pont à peine achevé s'est écroulé dans la province du Hunan, tuant plus d'une cinquantaine d'ouvriers. Si ce chiffre, qui en a fait l'un des accidents du genre les plus meurtriers au monde, a provoqué beaucoup de commentaires, l'écroulement d'un tunnel de la future ligne olympique du métro de Pékin, qui a de son côté tué cinq ouvriers fin mars, est passé presque inaperçu. Il contenait pourtant tous les éléments caractéristiques des dérapages chinois actuels : l'entreprise n'avait pas respecté les normes de sécurité pour ses employés, elle aurait utilisé des matériaux de mauvaise qualité et elle a voulu étouffer l'accident. De nombreux accidents de ce type ont visiblement émaillé la construction des dernières lignes du métro pékinois. Comme bien souvent, ils n'ont pas été rendus publics afin de permettre aux sociétés en cause de préserver leur virginité et aux autorités locales de conserver leurs statistiques élogieuses en matière de sécurité.DES TRAVAILLEURS SUREXPLOITÉSDerrière celles-ci se cache pourtant le comportement connu mais rarement dénoncé de l'industrie du bâtiment. Les entrepreneurs profitent de l'afflux continu de migrants des campagnes pour les renvoyer au moindre mécontentement et leur méconnaissance des droits des travailleurs pour ne pas les payer, ne pas leur faire signer de contrat et ne pas leur assurer de protections sociales. Le tout en complète contravention avec la loi. Maltraités par leurs employeurs, oubliés par le gouvernement, ces migrants-ouvriers sont pourtant le coeur de l'économie chinoise. Même si le gouvernement a annoncé la semaine dernière son espoir de faire entrer d'ici à 2020 plus de 50%de sa population dans la classe moyenne, il est fort à parier qu'ils demeureront dans la moitié perdante.
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