SOMMET + L'élargissement de l'Otan sous haute influence américaine

« La réunion de Madrid s'inscrira dans les livres d'histoire. » Le secrétaire général de l'Otan, l'Espagnol Javier Solana, s'est montré samedi emphatique pour qualifier le sommet que les seize membres de l'Alliance tiendront demain à Madrid et qui se transformera, le lendemain, en un conclave des quarante-quatre membres de l'Association pour la paix. L'optimisme de Solana n'est pas sans fondement : c'est toute la nouvelle architecture de défense européenne qu'il s'agit de commencer à bâtir dans la capitale espagnole. La nouvelle structure militaire de l'Alliance ne sera pas définitivement adoptée, et les deux pays qui en sont encore absents, la France et l'Espagne, n'y adhéreront pas pour le moment. Paris a, en effet, fait savoir que la France ne poursuivrait pas sa marche vers une réintégration dans l'Otan. Cette brusque rigidité fait suite à l'absence de décision américaine quant à un éventuel commandement européen de l'Otan pour l'Europe du Sud. Du coup, le « pilier européen » de défense souhaité par Jacques Chirac a du plomb dans l'aile. Sévères divergences. L'élargissement à l'Est donne lieu à de sévères divergences entre les Etats-Unis, qui veulent le limiter pour l'heure à la Hongrie, la Pologne et la République tchèque, et plusieurs pays européens emmenés par la France, partisans d'y adjoindre au moins la Slovénie et la Roumanie. Le gouvernement américain a averti qu'il serait « très difficile » de modifier sa position restrictive. L'admission de nouveaux membres étant subordonnée à un consensus, Washington s'appuie sur la thèse du plus petit dénominateur commun pour refuser toute concession, malgré l'irritation de plusieurs pays européens face à ce qui apparaît comme un diktat américain. En tant que pays hôte, l'Espagne proposera une solution de compromis : annoncer à Madrid l'ouverture immédiate des négociations avec Varsovie, Budapest et Prague, tout en mentionnant explicitement la perspective de nouvelles adhésions dans le futur, concrètement à partir du sommet qui marquera en 1999 le cinquantième anniversaire de l'Alliance. Controverse. Les difficultés que pose la réforme sont multiples, y compris pour les pays occidentaux. Ainsi, l'Espagne n'a pas encore résolu tous les obstacles. Elle a obtenu la création d'un nouveau commandement sous-régional qu'elle détiendra et qui couvrira l'ensemble de son territoire, y compris les îles Canaries. Mais il reste à déterminer le sort de la zone maritime atlantique - d'une grande importance stratégique - entre l'archipel et le continent européen. L'Espagne souhaite y établir un corridor sous son contrôle, assurant la continuité territoriale, mais le Portugal, dont dépend actuellement cette zone, s'y oppose. Une controverse qui pose en filigrane le problème de la délimitation des « frontières » entre les deux grands commandements, le Saclant américain de Norfolk, dont dépendent les Portugais, et le Saceur européen de Mons, auquel seront rattachés les Espagnols. Thierry Maliniak, à Madrid et Eric Revel
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