Le miroir aux alouettes des valeurs de rendement

La sphère microéconomique vivrait-elle en totale autarcie financière?? Ses principaux acteurs que sont les entreprises feraient-elles fi de la crise lorsqu'il s'agit de ménager la susceptibilité de ses actionnaires?? On serait évidemment tenté de répondre par la négative. Pourtant, les chiffres semblent vouloir nous persuader du contraire. Du moins, si l'on se réfère aux prévisions des analystes. Selon le consensus établi par Factset, les entreprises du CAC 40 pourraient verser 44,5 milliards d'euros de dividendes l'an prochain. Soit 3,5 milliards d'euros de plus qu'au titre de l'année 2007. Et cela, alors qu'entre-temps le monde de la finance a connu un bouleversement historique emportant dans sa chute une économie déjà en berne depuis quelques mois. Dans ce contexte, on peut s'interroger sur le crédit à accorder aux anticipations des experts. D'autant que, compte tenu de la chute des cours des actions, les taux de rendement qui en ressortent atteignent des sommets. Ils s'élèvent à près de 5,7 % sur le CAC 40 et à environ 5,2 % si l'on exclut les valeurs financières. Ce chiffre avoisine le niveau record de 5,9 % sur le DJ Stoxx 600 et dépasse de 160 points de base le coupon de l'OAT 10 ans. « Je ne suis pas très étonné de voir de tels rendements dans un contexte où la prime de risque entre les obligations d'État et les obligations privées dont le taux moyen culmine à 9 % n'a jamais été aussi importante », note François Chevallier, stratégiste chez VP Finance. Forte marge d'erreurAu total, plus de 65 % des entreprises du CAC 40 répondraient au critère de valeurs de rendement (voir encadré). En théorie seulement. Car si l'on considère que, lors des chocs conjoncturels de grande ampleur, la marge d'erreur des analystes s'élève en moyenne à 30 % entre la fin et le début de l'année, bon nombre de sociétés ne devraient pas se montrer aussi généreuses. « On pourrait, dans certains cas, assister soit à un paiement du dividende en actions, soit à une réduction du coupon, soit encore à une annulation pure et simple de toute forme de rémunération », envisage Pierre Nebout, gérant du fonds Tricolore Rendement à la Financière Rothschild. Tous les espoirs d'un maintien de dividende ne sont pas vains pour autant. Selon Pierre Sabatier, responsable de la stratégie chez Pythagore Investissement, « il n'est pas rare, en période de retournement de cycle, que les entreprises fassent un maximum d'efforts pour fidéliser leurs actionnaires et, surtout, compenser la chute des cours en augmentant leur taux de distribution ». Il considère ainsi que ce dernier « pourrait atteindre 47 % au titre de l'année 2008 et au-delà en 2009 ». Faut-il encore en avoir les moyens. D'après l'expert, les sociétés appartenant à des secteurs défensifs comme les télécoms, l'agroalimentaire ou encore la santé pourront se reposer sur la récurrence de leurs revenus. De son côté, Pierre Nebout estime que des entreprises « telles que France Télécom ou encore Vivendi dont 80 % du chiffre d'affaires provient de clients abonnés » offrent une bonne visibilité. Tout comme « Saint-Gobain, Total et Vinci ».A contrario, Pierre Sabatier observe que « sur de longues périodes, les entreprises cycliques rencontrent généralement beaucoup plus de difficultés pour tenir la cadence ». FabioMarquetty
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