Les majors pétrolières guettent leur proie

En recueillant mercredi l'approbation de 96,8 % des actionnaires de sa proie britannique, Imperial Energy, la compagnie pétrolière indienne ONGC vient de mettre la main pour 2 milliards de dollars (1,43 milliard d'euros) sur des réserves pétrolières et gazières en Sibérie et au Kazakhstan. Le 20 décembre dernier, c'était le géant chinois Sinopec qui bouclait le rachat pour 1,7 milliard de dollars (1,22 milliard d'euros) des réserves syriennes du canadien Tanganyika. Et pourtant, lorsque ces opérations ont été engagées, le baril n'était pas très loin de ses envolées record de cet été. Il a perdu 68 % depuis le lancement de l'offre de ONGC. C'est peu dire que sa plongée actuelle sous les 40 dollars aiguise l'intérêt des majors pour des réserves bon marché. « Aux cours actuels du pétrole et des actions de certaines sociétés d'exploration-production de taille moyenne, le coût de découverte d'un nouveau baril de pétrole s'avère très supérieur à l'achat de certains opérateurs », explique Denis Florin, responsable du secteur énergie chez Bearing Point.D'autant que nombre de petites et moyennes sociétés d'exploration sont prises en étau entre la chute des cours du baril et la crise du crédit. « Certaines avaient profité de l'envolée du pétrole pour s'endetter lourdement. La crise actuelle du financement les rend très vulnérables », précise Denis Florin. Dernier en date, le producteur canadien Oilexco, actif en mer du Nord écossaise, a indiqué mercredi 31 décembre que sa principale filiale allait certainement devoir déposer son bilan la semaine prochaine. Oilexco a perdu 93 % de sa capitalisation boursière cette année. Depuis juin 2008, l'indice sectoriel S&P Oil & Gas E&P a perdu plus de 50 %. Les majors, au contraire, ont les poches pleines après ces longs mois de pétrole au plus haut. « Suite à une période prolongée de forte génération de cash-flow et malgré de substantiels dividendes payés à leurs actionnaires, beaucoup de majors affichent actuellement de solides bilans financiers, caractérisés par de faibles niveaux d'endettement », écrit l'agence de notation Moody's. L'agence y voit les prémices d'un « nouveau round de fusions-acquisitions ».nouveaux gisements D'autant que le remplacement de leurs réserves est l'enjeu majeur des compagnies pétrolières intégrées. La demande mondiale de pétrole croît de 1 % par an en moyenne, selon l'Agence internationale de l'énergie, tandis que la production des gisements actuels décline de 6,7 %. Les majors convoitent en particulier les sociétés d'exploration spécialisées dans le « pétrole non conventionnel », comme les sables bitumineux du Canada, le méthane de charbon ou les gaz de schistes, les plus prometteurs sur le long terme. Ainsi, début décembre, Total a-t-il démenti une offre imminente, qui valoriserait plus de 16 milliards de dollars le canadien Nexen, à la tête d'importants gisements dans les sables bitumineux de l'Alberta, mais le groupe dirigé par Christophe de Margerie a confirmé un intérêt pour ce dossier après l'avoir regardé, puis refermé? temporairement. « Les compagnies attendent que le pétrole touche son point bas pour se lancer », prédit Denis Florin.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.