Paul Champsaur a régulé d'une main de velours les télécoms

Ils étaient tous là ou presque. Dirigeants d'opérateurs et d'industriels, conseillers des ministres, et même François Pérol, le secrétaire général adjoint de l'Élysée, ainsi qu'Éric Besson, le secrétaire d'État au Numérique. Le 18 décembre dernier, à l'Hôtel des Invalides à Paris, tout le gotha des télécoms français s'est pressé pour assister à la cérémonie d'adieux de Paul Champsaur, le président du régulateur des télécoms, l'Arcep, dont le mandat s'achève ce samedi 3 janvier, et de Gabrielle Gauthey, également membre partante du collège de l'Autorité.À la tribune, dans les discours officiels, tous les intervenants rendent hommage au sérieux et à l'impartialité de son travail durant ses six années à la tête de l'Arcep. Tous le créditent de l'extension du dégroupage dans l'accès à Internet en haut débit (ADSL). C'est sa plus grande fierté, comme il l'a confié récemment aux « Échos ». Dans la téléphonie mobile, il a pris des décisions courageuses en imposant une forte baisse des prix de gros des SMS et des terminaisons d'appel, les tarifs d'interconnexion que se facturent les opérateurs entre eux.Même la commissaire européenne à la Société de l'information, Viviane Reding, bien que parfois en désaccord avec lui, a reconnu récemment que Paul Champsaur a joué, sur ces sujets, « un rôle moteur pour la réglementation des télécoms en Europe ». Il a su aussi introduire à l'Autorité une vision d'économiste ainsi qu'un souci de l'intérêt du consommateur, salué par l'association UFC-Que choisir. Avare de prises de positions publiques, Paul Champsaur « a pris des risques sur la question du dividende numérique » relève un opérateur?: il est monté au créneau pour que le secteur obtienne une partie de ces fréquences libérées par la fin de la télévision analogique.fin de mandat critiquéeMais derrière ces éloges et ces congratulations de circonstances, certains acteurs ne cachaient pas une forme de soulagement à la perspective de changer le gendarme du secteur, exprimant des regrets sur « l'essoufflement d'une fin de mandat » qu'ils auraient souhaitée plus décisive, notamment sur les dossiers de la fibre optique et de la quatrième licence de téléphonie mobile. « Son prédécesseur, Jean-Michel Hubert, avait profité de la fin de son mandat pour prendre des décisions courageuses en matière de dégroupage. Paul Champsaur n'a pas usé de cette libert頻, déplore en privé le dirigeant d'un opérateur.Ses déclarations accusant France Télécom de bloquer les discussions dans la fibre optique dans l'hebdomadaire « Challenges » le 11 décembre, puis sur la nécessité de « faire tomber les barrières à l'entrée dans le mobile » et de voir Iliad et Numéricable arriver « dans le mobile car la concurrence, à l'avenir, se fera entre opérateurs intégrés » dans « Les Échos » le 24 décembre, sont apparues comme beaucoup trop tardives. Donc sans effet, à quelques jours seulement de son remplacement. Car malgré la préférence affichée de l'Arcep pour l'arrivée d'un nouvel entrant dans la téléphonie mobile, son président ne s'est pas engagé de la sorte dans le débat pour sauver le dossier de la quatrième licence de l'enlisement dans lequel il se trouve aujourd'hui.Son inclination prononcée pour une « régulation du consensus » n'est pas du goût de tous. « Paul Champsaur a plus été un médiateur qu'un juge ou un arbitre, considérant que la régulation doit être acceptée par le régulé. La menace restant virtuelle, France Télécom est devenu de moins en moins conciliant, par exemple sur toutes ses prestations d'ADSL », estime un opérateur alternatif.Aussi, certains sont-ils satisfaits que son successeur, Jean-Claude Mallet, soit un juriste et non un économiste de formation. Mais un autre opérateur s'interroge?: « Ce nouveau président saura-t-il aussi bien défendre le principe d'une saine concurrence que Champsaur?? » Sa carrière dans l'administration française, notamment dans le secteur de la défense, fait craindre à certains que Jean-Paul Mallet privilégie plus l'intérêt national, et donc celui de France Télécom, plutôt que celui du consommateur.Delphine Cuny
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