Vice- président du cabinet IriLe passage à l'euro a-t-il incité les commerçants et les industriels à augmenter leurs prix ? Oui. Car il y a eu sur les produits de grande consommation un télescopage avec la loi Galland. Avec une parité [Ndlr : 6,55957 francs pour 1 euro] qui ne facilite pas le calcul mental, les Français avaient perdu leurs repères. Les industriels et les distributeurs ont donc profité de cette double occasion pour s'enrichir sur le dos des consommateurs. Une hausse de quelques centimes d'euro, ce n'était pas grand-chose, alors qu'en centimes de franc, elle serait passée moins facilement.Mais ils ont fini par s'en apercevoir? ? Oui, car les produits qui ont le plus augmenté sont aussi ceux que l'on achète très souvent : yaourts, baguette, café.Les prix psychologiques (0,99 ; 9,99, etc.) ont-ils aussi favorisé l'inflation ? Il y a eu des effets de seuil dans les deux sens. Le whisky, par exemple, est un produit très sensible aux prix. Avant 2002, une bouteille de marque classique se vendait autour de 65 francs. Après l'introduction de l'euro, le PDG de William Peel a décidé de passer à moins de 10 euros et il a gagné des parts de marché.Si le passage à l'euro avait lieu aujourd'hui, que faudrait-il changer ? Il faudrait favoriser l'apprentissage de la valeur pour que les Français puissent rester vigilants. Je préconiserais par exemple de conserver les billets de banque en francs en indiquant leur valeur en euros. À l'époque du passage à l'euro, je m'étais d'ailleurs « chiffonn頻 sur ce sujet avec Jean-Claude Trichet. Cela n'était pas très politiquement correct.Ne devrait-on pas favoriser les comparaisons de prix d'un pays à l'autre ? Cela n'a pas beaucoup de sens : les produits sur lesquels on est le plus sensible aux variations de prix sont les produits de grande consommation. Or les différences culturelles sont telles que les assortiments n'ont rien à voir d'un pays à l'autre. Il y a peu de produits strictement identiques dans leur composition et leur présentation. On pourrait comparer une dizaine de produits tout au plus. Mis à part dans l'automobile et l'électronique grand public, les produits ne sont pas transversaux.

latribune.fr

14 Jan 2009, 1:29

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