« La Cour du roi Pétaud », une sacrée pétaudière

On a tout oublié, ou presque, du compositeur Léo Delibes. Et si un chorégraphe proposait à un responsable d'opéra de remonter son ballet « Coppélia », il lui rirait au nez? La compagnie Les Brigands s'est pourtant mis en tête de reprendre sur la scène de l'Athénée Louis-Jouvet à Paris, avant une tournée en Île-de-France et en province, « la Cour du roi Pétaud », comédie à succès de Delibes créée au Théâtre des Variétés en 1869, sur un livret des duettistes Adolphe Jaime et Philippe Gille.Fondés en 2000 par une équipe polymorphe de comédiens-chanteurs et musiciens, remarqués dès leurs premiers spectacles consacrés à des ouvrages méconnus d'Offenbach, « Barbe-Bleue », « Geneviève de Brabant » et « le Docteur Ox », Les Brigands ont pour leur part été nominés aux molières en 2005 pour « Ta Bouche », et l'année suivante pour « Toi c'est moi ».tirades savoureusesÀ quoi s'attaquent-ils aujourd'hui ? Par « Cour du roi Pétaud », personnage légendaire du XVIe siècle, on désignait une maison où chacun veut commander et où tout le monde parle à la fois. Une pétaudière est donc un lieu sans discipline où règnent confusion et désordre, chacun étant le maître.Que voilà « une jolie promesse de spectacle », comme le dit Loïc Boissier, l'un des jeunes cofondateurs de la compagnie. Notre époque n'est finalement peut-être pas si différente de ce monde de fantaisie où, comme le précise le metteur en scène Jean-Philippe Salério, « on ment, on triche, on intrigue et on essaie de faire prendre des vessies pour des lanternes, on change d'avis comme de chemise, et on veut se placer à tout prix en cherchant le bon camp qui varie comme la plume au vent ».Les Brigands ont visé juste en confiant la partition (dont il ne subsiste que la version piano chant) au violoniste Thibault Perrine, qui l'a parée d'un orchestre coloré de treize musiciens. Mais plus encore, c'est l'équipe ? en tous points remarquable ? de comédiens-chanteurs (quelles voix !)-danseurs, qui emporte le morceau. Tirades savoureuses, mots d'esprit, calembours (le Père Ubu n'est pas loin), raillerie du politique et gymnopédies grand-guignolesques : tout y passe, à un rythme soutenu. Au propre comme au figuré, chacun retourne sa veste (parfois à vue) avec le cynisme complice? du spectateur. Enfin, encore et toujours à propos de veste, il faut savourer les costumes créés par Élisabeth de Sauverzac, merveilles d'élégance audacieuse et bigarrée. Vrai, on s'amuse chez Pétaud ! « La Cour du roi Pétaud », à Paris les 3 (20 heures) et 4 (16 heures) janvier (Théâtre de l'Athénée : 01.53.05.19.19). Découvrez l'agenda de la compagnie sur le site : https://www.lesbrigands.f
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