La division aéronautique de Thales plombée

Alors que l'arrivée de François Quentin, favori de Dassault Aviation, pour remplacer Denis Ranque à la tête de Thales, se précise (voir ci-contre), l'ex-patron de l'aéronautique du groupe électronique n'a pas laissé sa division dans un état exempt de tout reproche. Tout le monde connaît les déboires du système de gestion de vol (FMS) de l'A400M développé par Thales et qui a provoqué un profit warning historique. Pour ce dérapage, Denis Ranque lui a retiré les commandes de la division tout en le conservant dans le groupe. Sur ce programme, Thales a déjà provisionné 80 millions d'euros en deux temps (20 puis 60 millions en 2008) pour couvrir la période 2005-2008. Selon nos informations, la perte à terminaison s'élèverait à ce jour à 100 millions environ.Ce qui est un peu moins connu, ce sont les provisions de l'ordre de 20 millions d'euros, passées sur le programme de systèmes de patrouille et de surveillance maritimes à la Marine et aux garde-côtes turcs (Meltem). Là aussi, la perte à terminaison atteindrait 100 millions d'euros. D'autres programmes de visualisation pour Airbus auraient également coûté de l'ordre de 30 millions. Selon nos informations, il resterait environ 300 millions de pertes à reconnaître et à écouler pour les programmes FMS et Meltem.Et ce n'est pas fini. L'activité IFE (multimédia à bord) développée par Thales ces dernières années pose un grave problème de rentabilité à la division aéronautique. Il ne remet pas en cause le succès commercial incontestable sur lequel le groupe a beaucoup communiqué et qui a fait la fierté de François Quentin. « Nous avons beaucoup dépensé pour acheter des parts de marché et faire de la croissance sans nous assurer de la solidité de l'activit頻, analyse-t-on en interne. Selon des sources concordantes, en dépit des investissements réalisés sur la période 2000-2008 de l'ordre de 1 milliard de dollars, et d'une part de marché de 45 % à fin 2008, ce programme n'est toujours pas à l'équilibre et aurait « généré des pertes cumulées de l'ordre de 500 millions d'euros », assure-t-on en interne. Thales dément ces pertes et préfère parler d'investissements nécessaires pour gagner des parts de marché. Sur cette activité, le groupe espère atteindre l'équilibre fin 2009 tout en restant prudent. Une prudence justifiée, au vu de la dégradation de la conjoncture dans le transport aérien.doutes à bordAu-delà de 2009, le multimédia à bord risque aussi d'être impacté par le retard du Boeing 787, sur lequel Thales a remporté de nombreux contrats. Surtout, en interne, certains doutent du modèle économique de cette activité, qui, ajoute-t-on, « n'est pas c?ur de métier pour le groupe ». Cette activité demande à Thales un gros effort en matière de support pour réparer des matériels très exposés aux yeux, notamment des passagers long-courriers des compagnies aériennes et donc de ces dernières. Surtout, le groupe est actuellement coincé par une garantie de cinq ans environ sur ces produits avant de pouvoir générer une activité de services lucrative.Interrogé par « La Tribune », un porte-parole de Thales a déclaré que « sans minimiser l'existence de difficultés industrielles et financières de la division aéronautique, on rappelle que tout a été correctement évalué et provisionné à fin 2008 ». Un nouveau pavé dans la mare de François Quentin, à qui on reproche « d'avoir caché en interne la copie jusqu'au dernier moment ». D'où le profit warning.
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