Les marchés émergents en première ligne

Tout avait pourtant bien commencé. Moins exposés que les principales économies industrialisées aux problèmes de liquidité, les pays émergents ont « relativement bien résisté à la phase aiguë de la crise financière », signale le dernier rapport trimestriel de la Banque des règlements internationaux (BRI). Le répit aura été de courte durée. N'en déplaise aux défenseurs de la théorie du « découplage », ces pays n'ont pas été épargnés « par la récession qui s'installe dans les économies avancées ».Dans ce contexte, tout regain d'aversion au risque nuit gravement aux actifs émergents. Les Bourses plongent (lire ci-dessous), les devises tanguent et les investisseurs mettent en doute la capacité des États à lever de la dette. Dans le sillage de la révision de la croissance américaine du dernier trimestre à ? 6,2 % vendredi dernier, les actifs émergents ont ainsi été victimes d'un nouvel accès de défiance.Sur le marché des dérivés de crédit (CDS ou « credit default swaps »), le coût de la protection contre le risque de défaut de la plupart des pays émergents ne cesse de grimper. Ainsi, l'Indonésie, qui envisage d'émettre 500 millions de dollars de dette après avoir levé 3 milliards sur les marchés internationaux la semaine dernière, a vu son CDS passer de 640 à 665 points de base entre vendredi et lundi, selon Reuters (autrement dit, assurer 10 millions de dollars de dette indonésienne coûte désormais 665.000 dollars). Du côté des devises, le won sud-coréen est tombé à son plus bas niveau en onze ans face au dollar. Une chute précipitée par l'annonce du gouvernement d'une baisse des exportations en février pour le quatrième mois consécutif. Quant à la roupie indienne, elle a battu un record de faiblesse absolu, à presque 52 roupies pour un dollar. Dans un environnement où seule la devise américaine trouve grâce aux yeux des investisseurs, les monnaies asiatiques dévissent. Depuis le début de l'année, le won a perdu 20 %, le dollar de Singapour près de 8 %, le ringgit malaisien environ 7 % et le baht thaïlandais 4 %. Et si l'on en croit le responsable de la stratégie changes de Morgan Stanley, la chute est loin d'être terminée. Pour Stephen Jen, il s'agit du dégonflement d'une bulle et « il existe encore un potentiel de baisse d'environ 20 % sur l'ensemble des devises émergentes ». n Le won coréen est tombé à son plus bas niveau depuis onze ans.
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