« Le retour de la France dans l'Otan risque de soulever un sérieux malentendu »

Comment analysez-vous le retour officiel de la France dans l'Otan ?Thierry de Montbrial : C'est davantage une mesure technique qu'autre chose. Les conditions politiques de 2009 n'ont en effet rien à voir avec celles de 1966, qui avaient conduit au retrait décidé par le général de Gaulle. Cette décision offrait un symbole fort que ce retour n'a pas. D'ailleurs, le débat sur l'intérêt ou non d'un retour n'a pas franchement intéressé les Français, d'autant que, de facto, la France participe déjà militairement aux actions de l'Otan. Enfin, la réintégration n'affecte pas l'indépendance nationale.Mais la France espère tout de même autre chose qu'une simple normalisation de ses relations avec l'Otan?Au-delà des avantages du point de vue organisationnel, avec une meilleure participation française dans les prises de décisions de l'Organisation, la France compte avant tout avancer dans l'approfondissement de la politique de défense européenne grâce à cette nouvelle relation France-Otan. Le but est bien de pouvoir dialoguer d'égal à égal avec les États-Unis.Et qu'attendent les États-Unis de leur côté ?En fait, je crois qu'il pourrait y avoir un sérieux malentendu. Les Américains disent voir en l'Europe un partenaire. Certes, mais ce qu'ils ne disent pas, c'est qu'ils veulent avant tout un partage du fardeau. Or en ce qui concerne l'Afghanistan ou l'Irak, par exemple, ils souhaitent une participation plus active de l'Europe, mais, sans remise en cause des mécanismes de décision et donc de la primauté de Washington qui doit continuer à définir seul les stratégies. Propos recueillis parLysiane J. BauduThierry de Montbrial, fondateur et directeur général de l'IFRI
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