« Pastorale »  ou le Châtelet à l'heure du soap

Le théâtre du Châtelet se fait fort depuis plusieurs années de se démarquer des autres grandes salles de concerts parisiennes. Avec son dernier spectacle, « Pastorale », la preuve en est faite. Cet opéra contemporain s'inspire pourtant d'un roman-fleuve du XVIIe siècle, « l'Astrée », d'Honoré d'Urfé. Roman que le cinéaste Éric Rohmer a d'ailleurs lui aussi récemment revisité. Cette fois, c'est Gérard Pesson qui en a écrit la musique. « C'est sans doute l'un des compositeurs les plus talentueux de notre époque », se plaît à dire Jean-Luc Choplin, le patron du Châtelet. La tâche n'était, certes, pas simple, de retranscrire musicalement cette histoire pour le moins compliquée et dense relevant tout autant de l'héroïsme que d'un incroyable amour de la musique. Car « l'Astrée » relate, via différents récits à tiroirs, les amours difficiles et contrariées au IVe siècle en Gaule, d'Astrée et de Céladon, deux bergers ballottés par toute une série d'aventures. mythe du bon sauvageRoman-fleuve et initiatique, « l'Astrée » a véritablement bouleversé l'art de la fiction et inspiré nombre d'écrivains et de philosophes comme Jean-Jacques Rousseau, qui a nourri une véritable attraction pour ce roman pastoral qui allait d'ailleurs lui inspirer le mythe du bon sauvage et de la société corruptrice. Cette trame particulièrement touffue a notamment donné l'idée au metteur en scène Pierrick Sorin de mêler décors classiques et vidéos et surtout de mettre face à face des chanteurs avertis mais aussi de jeunes découvertes de l'émission télévisée « Star Academy ». « Car ce roman est un immense jeu de rôles où les protagonistes sortent de leur condition pour en épouser une autre qui leur permette, à travers des obstacles, de changer, croient-ils, le réel », soutient Gérard Pesson. D'où un mélange détonant aussi bien de tessitures vocales que de décors concrets et virtuels, avec pour point d'orgue une très forte puissance symbolique. Les créations de musique contemporaine ne sont pas si nombreuses. Raison de plus pour plonger dans cet univers qui fait aussi bien appel aux références littéraires profondément enfouies au fond de nous qu'à nos longues soirées télévisées.Pascale Besses-Boumard « Pastorale » de Gérard Pesson. Direction musicale : Jean-Yves Ossonce. Mise en scène : Pierrick Sorin. Théâtre du Châtelet. Représentations du 18 au 24 juin.Réservations : 01.40.28.28.40.www.chatelet-theatre.comopé
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