Unilever ne donne pas d'objectif pour 2009

On le disait défensif, insensible à la crise économique. Le secteur des biens de grande consommation usurpe sa réputation, en ce début d'année. Hier, lors de la publication de ses résultats annuels, Unilever, bien connu pour ses thés Lipton et ses savons Dove, s'est refusé à fournir le moindre objectif financier pour 2009, arguant d'un environnement économique par trop incertain. L'anglo-néerlandais, numéro deux mondial du secteur avec un chiffre d'affaires de 40,52 milliards d'euros en 2008 (+ 1 %), a du même coup repoussé son objectif d'une marge opérationnelle de 15 %, initialement prévu pour 2010.Les comptes 2008 invitent en effet à la prudence. Le chiffre d'affaires a progressé de 7,3 % au quatrième trimestre, après une hausse de 8,3 % au troisième. Un ralentissement qui provient de l'attrait croissant des consommateurs pour les marques de distributeurs, moins onéreuses que celles d'industriels comme Unilever. Soucieux de l'évolution de leur pouvoir d'achat, les ménages mettent un frein sur les dépenses dites superflues, comme l'achat de gels coiffants, etc. Vendredi, l'américain Procter & Gamble avait invoqué ces mêmes phénomènes afin de justifier l'abaissement de son objectif de bénéfice pour l'exercice 2008-2009. Il chercherait d'ailleurs à vendre son pôle pharmacie afin de se recentrer sur son c?ur de métier.profits 2008Face au manque de visibilité sur l'activité d'Unilever, la réaction des investisseurs a été sans appel : le cours a plongé jusqu'à 7,8 % en séance, à 15,96 euros, son plus bas niveau des douze derniers mois. Il faut dire que le bond de 28 % du bénéfice net en 2008, à 5,29 milliards d'euros, tient essentiellement au produit de cessions d'actifs, comme les huiles, vinaigres et olives de la marque Bertolli. Les résultats 2008 ont également été gonflés par les hausses de prix passées pour compenser le renchérissement des matières premières agricoles, ce qui a débouché sur une marge opérationnelle de 17,7 % l'an dernier. Mais Unilever et ses concurrents pourront difficilement user de cette recette en 2009, compte tenu de la baisse des cours des ressources de base. Il est d'autant moins question de relever les prix que le groupe a décidé d'axer sa stratégie sur la croissance des volumes de ventes. On comprend pourquoi une rentabilité opérationnelle de 15 % en 2010 n'est plus à l'ordre du jour. Christine Lejoux
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.