à Bâle, le musée consacre une grande rétrospective à l'artis...

Les secrets de GiacomettiLa grande exposition Van Gogh qui vient de débuter au Kunstmuseum de Bâle donnait déjà une bonne raison de se rendre dans la ville suisse cet été. En voici une seconde : une rétrospective, aussi belle que sobre, consacrée à Alberto Giacometti (1901-1966) à la Fondation Beyeler. Plus d'une centaine de pièces ? sculptures et peintures ? de l'artiste ont été réunies et parmi elles quelques chefs-d'?uvre célèbres comme « L'homme qui marche II » ou « le Chariot ».En guise de préambule, les visiteurs sont invités à découvrir la famille d'Alberto. À travers le père, Giovanni, peintre lui aussi. Son tableau de 1912 ? « la Lampe » où l'on voit la famille réunie le soir autour d'une table sur laquelle trône la seule lampe à gaz de toute la région ? résume l'atmosphère qui régnait au sein du foyer. Une ambiance chaleureuse, où l'on parlait peinture avec exaltation, où l'expression artistique était encouragée. Une autre salle est consacrée aux objets ? sièges, tables, chandeliers ? que confectionnait Diego, le frère cadet d'Alberto.Alberto est, quant à lui, rapidement attiré par la sculpture. Les années 1920 et 1930 sont celles du tâtonnement. À Paris, son amitié avec les surréalistes le pousse à explorer les thèmes de l'absurde et du subconscient. « On ne joue plus » place le spectateur dans le rôle d'un joueur fictif devant un damier à l'allure de cimetière sur lequel s'étalent des figures inquiétantes et morbides.Les décennies suivantes voient éclater pleinement le génie d'Alberto. Une explosion qui débute par une crise artistique à la fin des années 1930 et que l'exposition met bien en évidence. Ainsi, une vaste salle est entièrement consacrée au « Petit homme sur socle », une figure de quelques centimètres de hauteur seulement. Toute l'essence de l'art d'Alberto Giacometti se dévoile ici. À cette époque, l'artiste troublé par les notions d'espace et de perspective, n'arrive plus qu'à créer des figures dont les dimensions sont dictées par sa perception du modèle. Ses sculptures rapetissent. Son talent grandit. Il en viendra à imaginer des ?uvres sur roues. Mobiles tout d'abord, puis fixes, qui autoriseront le spectateur à imaginer le mouvement.C'est le début de pièces magistrales comme « la Femme au chariot » ou « Trois hommes qui marchent ». Dans les vastes salles de la Fondation Beyeler, les figures longilignes sont agencées selon les règles d'une séduisante chorégraphie. La lumière naturelle qui perce à travers le plafond diaphane du bâtiment les éclaire avec classe. Le visiteur se retrouve à errer parmi elles, à suivre leur marche. Un voyage mystérieux et fascinant.Olivier Le Floc'h
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