Bataille du fer malgré la crise

C'est le genre de négociations qui ne fait pas la une des médias, mais qui est de première importance pour les industriels?: celui de la fixation du prix du fer. Ce minerai est l'élément de base de la production de l'acier, qui représente 90 % du métal utilisé à travers la planète. Autant dire qu'il est partout. Chaque année, à partir de novembre, s'engage une partie de bras de? fer entre les mineurs, essentiellement trois groupes?: le brésilien Vale et les australo-britanniques BHP Billiton et Rio Tinto, et les plus importants aciéristes. Pendant longtemps, ce furent les japonais. Depuis quelques années, ce sont les chinois, qui fournissent désormais plus du tiers de la production mondiale d'acier. Quelques indiscrétions ont filtré ces derniers jours sur les discussions en cours. Pour la première fois depuis sept ans, crise oblige, la flambée du prix du fer va cesser, pour reculer. Rio Tinto consentirait 20 % de moins qu'en 2008. Mais cette amputation ne semble pas satisfaire les aciéristes, qui tablent sur un recul de l'ordre de 40 % à 50 %. Ils justifient leur exigence par le fait qu'avec une baisse de 20 %, leurs coûts de production resteront supérieurs aux prix de l'acier. Le ralentissement de l'activité industrielle sur toute la planète, en particulier dans l'automobile, pèse sur la demande. Les sidérurgistes chinois ont affiché pour les deux premiers mois de l'année des résultats financiers déficitaires qui, cumulés, s'élèvent à 112 millions de dollars, selon le gouvernement. Les négociations risquent d'être d'autant plus dures que les groupes miniers ont eux aussi vu leur valeur boursière fondre comme neige au soleil, plus de 60 % à Londres pour Rio Tinto, plombé par le fardeau de la dette. Face aux sidérurgistes, ils agitent la menace de vendre leur fer sur le marché au comptant dont les cours sont plus élevés. En outre, ils bénéficient d'un autre avantage. L'application du prix annuel international issu des négociations est effective habituellement à partir du 1er avril. En cas de prolongation, c'est le prix de l'année précédente qui continue à s'appliquer. La marge de man?uvre est donc étroite pour les aciéristes.Par Robert Jules, journaliste à « La Tribune ».
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