La contestation universitaire se radicalise

Il y avait les occupations d'universités. Il y a désormais les présidents agressés, voire séquestrés? Alors qu'une nouvelle journée de manifestations est prévue aujourd'hui, le mouvement universitaire entame sa dixième semaine ponctuée d'actions radicales. Fin mars, c'était le président de l'université de Brest, Pascal Olivard, qui était agressé. Lundi, c'était le président de l'université de Rennes II, Marc Gontard, qui était retenu dans son bureau. Hier, c'était au tour de celui de l'université d'Orléans, Gérald Guillaumet?Des actions multiplesRadicalisation ou actes isolés ? Dans l'entourage de la ministre de l'Enseignement supérieur, on juge ces violences, certes sans précédent, influencées par le contexte général (séquestrations de chefs d'entreprise) voire instrumentalisées par l'extrême gauche. Quant aux universités totalement bloquées, elles ne seraient qu'une dizaine (sur 83). En fait, la contestation devient surtout moins homogène. Chaque jour apporte son lot d'actions (cours hors les murs, « die-in », démissions administratives, appel à ne pas participer aux jurys du bac?) et les grèves ne concernent souvent que des disciplines bien précises. Par ailleurs, certains personnels et étudiants souhaitant retrouver un climat plus apaisé, la confusion règne au sein de certains établissements. Ainsi, de l'université de Reims Champagne-Ardenne où ont eu lieu deux votes contradictoires mais tous deux contre les réformes gouvernementales : l'un organisé par l'établissement favorable à la reprise des cours ; l'autre organisé en AG favorable à la poursuite de la grève. À Strasbourg, l'évacuation des bloqueurs pour le sommet de l'Otan ce week-end a donné l'illusion d'une reprise normale des cours lundi matin. Mais une nouvelle AG d'étudiants a revoté le blocage alors que dans le même temps, des directeurs d'UFR (unités de formation et de recherche) votaient la reprise des cours, explique à « La Tribune » son président, Alain Beretz, peu de temps après l'occupation de son propre bureau par une centaine d'étudiants. « Il y a eu des gestes du gouvernement, mais dans un contexte de manque de clarification, analyse-t-il. En même temps, les revendications dépassent aujourd'hui les seules questions du statut des enseignants-chercheurs et de la réforme de la formation des maîtres. »Dans ces conditions, impossible de préjuger de la poursuite du mouvement, que la Coordination nationale des universités et certains syndicats appellent de leurs v?ux. L'année universitaire est-elle menacée ? Valérie Pécresse et la Conférence des présidents d'université ont appelé à la reprise des cours. « Il faudra qu'après les congés d'avril le mouvement prenne d'autres formes pour permettre les cours de rattrapage et la validation du semestre », estime Jean-Baptiste Prévost, président de l'Unef, rejetant les propositions de validation automatiques votées dans certaines AG. Pour les présidents d'université, le retard est encore récupérable si cela se met en place dans les quinze prochains jours. À plus long terme, certains craignent une baisse d'inscriptions dans leur établissement.
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