L'immobilier déçu par la relance

Pour la défense, 2,3 milliards d'euros, pour le logement 1,8 milliard d'euros. Le rapprochement des deux chiffres peut paraître réducteur. Mais il pose toute la problématique : 1,8 milliard d'euros d'aides pour le logement, est-ce suffisant alors que la France vit depuis des années une crise du logement sans précédent, crise qui a été l'un des facteurs clés de l'augmentation des prix de l'immobilier ? 1,8 milliard d'euros, est-ce à la mesure du retournement du marché cette année, sachant que les ventes de logements neufs se sont effondrées depuis début janvier et que la Fédération française du bâtiment a prévenu qu'elle craignait, en conséquence, la suppression de 25.000 à 30.000 emplois en 2009 ? Le logement serait-il le parent pauvre du plan de relance annoncé par Nicolas Sarkozy ?Les professionnels du secteur ont une appréciation nuancée. S'ils jugent que les mesures annoncées sont cohérentes, certains estiment qu'elles auraient pu être plus puissantes. Surtout, ils relèvent qu'elles mettront du temps à produire leurs effets. « J'aurais préféré qu'il y ait des mesures plus agressives comme la mise en place d'une TVA à taux réduit [5,5 % au lieu de 19,6 %] pour l'achat d'un logement neuf. Appliquée à l'ensemble du territoire, une telle mesure aurait permis la construction de 80.000 à 100.000 logements supplémentaires pour un coût de près de 600 millions d'euros », calcule Jean-François Gabilla, président de la Fédération des promoteurs constructeurs. « Il me semble, en outre, reprend-il, qu'une révision du dispositif d'investissement locatif Robien-Borloo s'imposait. Ces dispositifs ont représenté 43 % des logements vendus au premier semestre, alors même que le marché du logement neuf commençait déjà à se dégrader. Or, on applique encore aujourd'hui un plafond pour la déduction fiscale (10.700 euros) qui date de 2000, ce qui rend ces systèmes beaucoup moins attractifs. »« La route est longue »« Il reste qu'une partie des mesures annoncées sont incontestablement positives, sous réserve toutefois que les dispositifs de mise en ?uvre [allongement de la durée de remboursement du prêt à taux zéro ? PTZ ? et augmentation des plafonds des prix de vente des logements auquel s'applique le PTZ] soient performants », conclut Jean-François Gabilla. « Les mesures de soutien au logement qui ont été annoncées sont cohérentes : elles visent toutes à favoriser l'accès au logement locatif ou à la propriété des ménages à revenus moyens ou modestes, que ce soit via le doublement du PTZ, la construction de 70.000 logements locatifs sociaux ou intermédiaires supplémentaires ou encore les 200 millions débloqués pour permettre à l'Agence nationale de rénovation urbaine [ANRU] de mener à bien ses programmes en souffrance », relève pour sa part Michel Mouillart, professeur à Paris X-Nanterre. Mais il reste que les mesures annoncées n'auront, selon lui, « pas d'effet tangible avant l'été prochain », les processus de production ou de reprise de production dans le secteur de programmes déjà lancés étant longs. « La route est longue, prévient Michel Mouillart. L'effondrement des ventes de logements neufs est tel que l'on a déjà perdu 60.000 mises en chantier en 2008 et que l'on en perdra vraisemblablement 30.000 à 40.000 en 2009. Autrement dit, ce sont 150.000 à 160.000 logements qui ne seront pas construits. La crise du logement va donc s'aggraver. » n
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