La réflexion sur la rémunération des opérateurs de marché est engagée

Le compte à rebours est lancé. En annonçant des mesures d'aides aux banques françaises le 20 octobre, l'État leur a donné six mois pour réformer les rémunérations des opérateurs financiers. Dans la ligne de mire, les « traders » bien sûr, mais aussi tous ceux qui font prendre des risques à leur établissement. L'objectif : éviter que l'appât du « bonus », qui peut dépasser le million d'euros annuel, n'agisse comme un « pousse au risque ». De fait, « à ce niveau de rémunération, il ne s'agit plus d'incitation mais carrément d'excitation, ce qui peut pousser certains à franchir les bornes de l'éthique », dénonce Bernard Colasse, professeur à l'université Paris-Dauphine. Ou simplement à prendre des risques excessifs, d'autant qu'en cas d'échec, ce sont les actionnaires ? voire les contribuables ? qui paieront la note. La Fédération des banques françaises (FBF) a donc constitué un groupe de travail en vue de fixer des principes communs, en tenant compte des recommandations de l'IIF (lire ci-dessous). Pour s'assurer qu'un bonus n'est versé que si la banque a effectivement gagné de l'argent, l'idéal serait de prendre en compte tout le cycle de vie d'une opération, jusqu'au débouclage. Mais le faire pour chaque agent et chaque transaction serait trop compliqué. Par défaut, on peut mesurer la performance au niveau du résultat net avant impôt par activité, comme le font déjà certaines banques françaises. Une approche qui présente l'avantage de prendre en compte le coût du risque.pas de « bonus-malus »Les banques pourraient aussi « s'inspirer des pratiques anglo-saxonnes en augmentant la part du bonus versée sous forme de titres, et dont l'acquisition est différée dans le temps », anticipe Diane Segalen, vice-présidente du cabinet CTPartners. Une méthode adoptée dès 2001 par la Société Générale, qui verse une partie des bonus sous forme d'actions gratuites acquises au bout de trois ans, puis bloquées pendant deux ans. Reste à s'accorder sur la répartition entre chaque élément et sur la durée d'acquisition.Il est par ailleurs question de mieux équilibrer les rémunérations des opérateurs et celles des contrôleurs. En revanche, les banques françaises n'envisagent pas de système de « bonus-malus », où une partie du bonus serait bloquée pour éponger d'éventuelles pertes ultérieures, comme l'a décidé UBS pour ses dirigeants.Quoi qu'il en soit, cette réflexion de place n'est qu'une première étape car, comme le souligne le patron de la banque d'affaires de la Société Générale, Michel Péretié, « cette problématique ne peut être traitée au niveau national. Il faut l'aborder au niveau européen, voire international, sous peine de créer des distorsions concurrentielles ». La gravité de la crise financière ouvre sans doute une fenêtre de tir pour ce faire. Reste à savoir si les garde-fous qui seront adoptés se révéleront assez robustes pour éviter le retour des pratiques excessives, le jour où l'euphorie s'emparera à nouveau des marchés.BENJAMIN JULLIEN +BSD++PasSupprimerBalise balise systèmene pas supprimer++BSF++
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