La France veut en

Décidément en ce mois de février 2009, tout est fait pour plomber l'ambiance dans les salles de marché. Mois traditionnellement béni des traders qui perçoivent leur bonus à cette période, ce mois de février est à marquer d'une pierre noire. L'effondrement des bonus répercutant les mauvais chiffres des banques d'investissement en 2008 se double de la terrible surprise du week-end : une révision stricte de la formation des bonus dans les banques françaises qui entre en vigueur immédiatement.Suppression des bonus garantis, assiette basée sur les profits nets des opérations et non leurs revenus bruts, versement du bonus étalé sur plusieurs années, paiement en partie en titres? autant dire qu'il s'agit d'une véritable révolution pour « ceux que l'on appelle les traders, ces jeunes gens qui jouaient à spéculer », selon la définition donnée par le président de la République, jeudi, lors de son entretien télévisé.pavé dans la mareCes propos, tenus dans la foulée de ceux de Barack Obama qualifiant de « honteux » les bonus des opérateurs de marché, font écho aux propositions du groupe de travail sur la rémunération des professionnels des marchés financiers. En décembre dernier, dans le cadre du Haut comité de place, Christine Lagarde avait mandaté Georges Pauget, président de la Fédération bancaire française (FBF), pour avancer un certain nombre de propositions. Révélées par « Le Monde » dans son édition du week-end, elles constituent un véritable pavé dans la mare. Le groupe de travail, qui a réuni notamment des associations professionnelles, l'Autorité des marchés financiers et la Commission bancaire, rendra ses conclusions à Christine Lagarde en milieu de semaine. De manière générale, elles constituent une réponse à la stupéfaction d'un certain nombre d'observateurs, et notamment du grand public, devant la découverte que des traders pouvaient gagner notablement plus que le patron de leur banque, et que cette course au bonus était une source de prise de risque importante pour l'établissement.Les propositions visent donc spécifiquement à structurer la rémunération variable en fonction du risque pris lors des opérations et à l'ensemble des coûts qui leur sont liés (marché, liquidité, risque, capital alloué?). Le coût pour la banque est donc pris en compte. Dans ce contexte, les bonus garantis, qui ne sont pas assis sur une performance, sont bannis, tandis que les opérations doivent être totalement débouclées pour que le bénéfice réel pour la banque puisse être mesuré et considéré comme une base de calcul saine. Par ailleurs, les dirigeants de la banque sont directement impliqués dans la politique de rémunération. Il est proposé que celle-ci soit du ressort du conseil d'administration et que, dans certains cas individuels où les montants en jeu dépassent un certain seuil, il en soit informé. Une muraille de Chine est d'ailleurs prônée entre ceux qui établissent les règles régissant les rémunérations et ceux auxquelles elles s'appliquent.Reste que l'ensemble de ces propositions, qui ont vocation à être mises en ?uvre dès cette année, n'ont de sens que si elles s'intègrent dans un même élan au niveau international. Nicolas Sarkozy qui a, lors du G20 d'octobre dernier, lancé le principe d'une refonte du capitalisme mondial, et espère capitaliser sur le G20 d'avril, doit avoir à l'esprit que la moralisation de la finance doit être mesurée à l'aune de la compétitivité de la place de Paris. nles bonus garantis, qui ne sont pas assis sur une performance, sont bannis.LUDOVIC/REA
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