Lutter contre le téléchargement illégal en sortant plus vite les films en vidéo

Le retard dans l'adoption de la loi antipiratage offre un sursis aux professionnels du cinéma. En effet, ceux-ci auront un mois à compter de la publication de la loi pour trouver un accord sur le délai de sortie des films en vidéo à la demande (VoD). Faute de quoi s'imposeront les délais prévus par les parlementaires : une sortie en VoD et DVD, quatre mois après la sortie en salles, contre aujourd'hui six mois en DVD et sept mois et demi en VoD. Ce délai pourra même être réduit à trois mois sur dérogation du Centre national de la cinématographie (CNC). Les critères de cette dérogation restent à fixer par décret. Dans le cas d'un film à succès, les ayants droit pourront adopter un délai supérieur à quatre mois, et faire appel au médiateur du cinéma en cas de désaccord.L'objectif est bien sûr d'avoir une offre légale plus compétitive avec le piratage. Mais, déjà, certains estiment que ce raccourcissement inutile, comme le député PS Patrick Bloche : « Le gouvernement nous a suffisamment répété que le téléchargement illégal intervenait souvent avant même l'exploitation en salles pour qu'il ne puisse pas nous convaincre que le problème sera résolu en réduisant à 4 mois le délai », déclarait-il jeudi dernier.les films français épargnésPrécisément, le piratage avant la sortie en salles touche surtout les films américains. Selon une étude du CNC portant sur les sorties de 2006, il concerne 59 % des longs métrages d'outre-Atlantique, mais aucun film français. L'étude précise même qu'une version piratée d'un film américain était disponible en moyenne seize jours avant sa sortie en salles.Face à ce problème, le réalisateur Luc Besson a proposé que les films soient disponibles en VoD le week-end suivant leur sortie en salles, à un prix plus élevé (25 à 35 euros), prix qui diminuerait ensuite au fil du temps. « Il ne faut pas aller contre l'évolution des pratiques du consommateur, expliquait-il en décembre aux « Échos ». Aujourd'hui, les jeunes ont le choix entre voir un film dans une salle de cinéma pour 7 euros et rester chez eux où ils peuvent le visionner gratuitement avec le téléchargement illégal. Ce n'est pas tenable. Dans le système actuel, certains films ne sont plus diffusés en salles au bout de trois ou quatre semaines et, pendant les cinq mois qui suivent, ils ne sont plus visibles nulle part. Cela offre un champ d'action extraordinaire aux pirates. »une idée « prématurée »Toutefois cette idée, qui a déjà été expérimentée aux États-Unis pour des films indépendants et étrangers, n'a reçu aucun soutien au sein de la filière cinéma en France. Et même une vive opposition des exploitants de salles déjà très réticents à une réduction du délai à quatre mois. Au ministère de la Culture, on juge l'idée « intelligente, mais sans doute prématurée, et de toute façon elle nécessiterait pour être appliquée un accord général de la filière ». JAMAL HENNI
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