Le torchon brûle entre Paris et Berlin

Rien ne va dans le couple franco-allemand. Un couple vieillissant qui a peut-être un peu besoin de prendre le large pour se retrouver. Certes, les acteurs ont changé. Nous ne sommes plus à l'époque où la France et l'Allemagne étaient dirigées par des hommes d'État qui avaient vécu la guerre. Cela compte beaucoup, surtout en Allemagne. Angela Merkel, de surcroît une Allemande de l'Est, élevée dans la défunte RDA, ne porte plus la charge de l'Histoire sur ses épaules. « L'Allemagne est devenue un pays normal », glisse-t-on à l'Élysée. Un pays qui défend ses intérêts comme n'importe quel autre. Et l'axe franco-allemand qui faisait, jadis, la pluie et le beau temps, n'est plus le centre unique du pouvoir. Même s'il reste une nécessité. Surtout en matière européenne. Sans accord franco-allemand, aucun dossier n'avance. Certes, Nicolas Sarkozy se rapproche de Gordon Brown pour redorer le blason de l'entente franco-britannique. Certes, Angela Merkel fait des yeux doux à Varsovie pour consacrer la suprématie allemande dans l'Est européen. « Mais il n'est pas question de remplacer l'axe franco-allemand », affirme-t-on à l'Élysée.Si les pommes de discorde se sont multipliées, c'est aussi que la chancelière allemande est prisonnière de son accord de coalition gouvernementale avec les sociaux-démocrates, sans parler du pouvoir des Länder, avec lequel il faut compter. La polémique sur la relance budgétaire illustre parfaitement cela. Le ministre social-démocrate allemand Peer Steinbrück est très fier d'avoir réduit le déficit public de son pays, l'une des exigences du pacte gouvernemental, et il veille au grain. Alors que l'Allemagne entre en campagne électorale, Merkel sait qu'il serait suicidaire, politiquement, d'ouvrir les robinets du budget pour relancer l'activité économique. « Pas un sou de plus », a-t-elle ainsi martelé pour rassurer le SPD, qui considère qu'avec quelque 30 milliards d'euros mis à la disposition de l'économie, l'Allemagne a déjà accompli son devoir.appel pour un second planReste que ce montant semble insuffisant, même outre-Rhin. Les appels pour un second plan se multiplient. Afin de ne pas donner l'impression de manger son chapeau, Angela Merkel ne bougera pas d'ici la fin du Conseil européen de ce jeudi et vendredi, qui doit avaliser le plan de relance initié par la Commission européenne. Mais dès dimanche, elle réunira des ministres, des économistes, des banquiers, pour une « vaste et précise analyse » de la situation. Le différend entre Paris et Berlin sur le climat est du même acabit (voir ci-contre).Ces bisbilles ont certes été aggravées par les contraintes politiques nationales, momentanées. Mais elles interviennent alors que les deux pays se sont écartés l'un de l'autre, en bonne partie parce que l'Allemagne est justement redevenu un « pays normal », Il va falloir que la France apprenne à vivre à côté de ce nouveau voisin.
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