Une année boursière placée sous le signe de la volatilité

Comme leurs grands-parents leur avaient parlé du krach boursier de 1929, les jeunes investisseurs d'aujourd'hui pourront dire à leurs petits-enfants : « J'ai vécu la crise boursière de 2008. » Maigre consolation, après un bien triste millésime qui a vu les marchés d'actions mondiaux s'effondrer de 45 % en moyenne, soit leur plus forte chute depuis 1931, sur fond de crise immobilière, bancaire et économique. « Catastrophe », « désastre », « débâcle »? les sociétés de gestion et autres établissements financiers, dans leurs différents commentaires, n'hésitent pas à filer la métaphore climatique ou guerrière pour qualifier l'année boursière 2008. Une tempête qui n'a épargné aucune région, aucun secteur d'activité. à Paris, l'indice CAC 40 a dévissé de 42 %, l'an dernier. Plus largement, le DJ Euro Stoxx 50 s'est affaissé de 44 %. Aux états-Unis, le Dow Jones s'en est un peu mieux sorti, grâce à la remontée du dollar face à l'euro, mais l'indice a tout de même chuté de 33 %. Et que dire des marchés émergents ! La Bourse de Shanghai a fléchi de 70 %, et celle de Moscou, de 72 %. Sur le front des secteurs, les valeurs financières se sont effondrées de 53 % en moyenne (sur la base des indices MSCI), crise bancaire oblige. Et le plongeon des prix des matières premières a entraîné une chute de 48 % des cours des producteurs de ressources de base. Le secteur de la santé est celui qui a le mieux résisté, ce qui ne l'empêche pas d'accuser un décrochage de 19 %. Les marchés ne se sont pas seulement effondrés. Ils ont également été en proie à une volatilité extrême. Les montagnes russes, le yo-yo? Ces expressions couramment utilisées pour évoquer les mouvements de la Bourse n'auront jamais été mieux appropriées qu'en 2008. Surtout à partir de l'automne, au fur et à mesure que la crise des subprimes (crédits hypothécaires américains) se transformait en une crise du crédit, puis de l'économie, les alertes sur les résultats d'entreprises succédant aux faillites de grandes banques comme Lehman Brothers. « l'indice de la peur »L'indice VIX, qui mesure la volatilité du S&P 500 (l'indice des 500 principales valeurs de la Bourse de New York) et qui constitue un indicateur des craintes des investisseurs à court terme, a franchi la barre des 80 % en octobre dernier. Le 16 octobre, dès l'ouverture de Wall Street, le VIX a bondi de 30 % à un niveau jamais atteint, à 81,2 %, méritant plus que jamais son surnom d'« indice de la peur. » Et sur la seule séance du 13 novembre, l'écart entre le plus haut et le plus bas niveau inscrits par le S&P 500 a été équivalent à celui de? l'ensemble de l'année 2005. à titre de comparaison, le VIX n'avait jamais dépassé le seuil de 50 % au cours des 18 dernières années, et avait oscillé dans une fourchette de 10 % à 28 % entre 2004 et 2007. « Nous retiendrons également que les grands indices boursiers ont enregistré des hausses quasi historiques au cours de la dernière semaine de novembre, grâce, notamment, à la flambée des valeurs bancaires à la suite du sauvetage de Citigroup par le gouvernement américain », ajoute la société de gestion ING Investment Management. De fait, en octobre et en novembre, il n'a pas été rare d'assister à des bonds de 10 % du CAC 40 sur une seule séance. Des envolées suivies par des plongeons d'une ampleur pres­- que aussi importante. Il faut dire que les investisseurs ont eu de quoi être nerveux. Nombre de leurs certitudes ont volé en éclats. Qui aurait imaginé la prestigieuse Lehman Brothers acculée à la banqueroute ? Et comment penser qu'une poignée de traders fous fassent perdre des milliards à leur banque en quelques jours ? Enfin, alors que les marchés émergents étaient encensés six mois plus tôt, on a découvert qu'ils n'étaient pas immunisés, tant s'en faut, contre le ralentissement économique des pays matures. Envolés, les prétendus relais de croissance ! Enfin, en décembre, les investisseurs avaient à peine eu le temps de se réjouir d'un nouveau geste de la Réserve fédérale américaine (abaissant son principal taux directeur à un plancher historique) qu'éclatait le scandale Madoff. Cet ancien responsable du Nasdaq, en détournant 50 milliards de dollars via sa société de conseil en investissements, a fait perdre des sommes colossales à bon nombre de gérants de portefeuilles. « Cette volatilité fait voler en éclats les repères utilisés tant par les ménages que par les entreprises. Ce qui rend difficile pour ces derniers l'établissement de budgets, et freine donc les décisions de consommation et d'investissement », explicite la société de gestion Montségur Finance. Bien malin, dans ce contexte, celui qui saura comprendre et analyser tous les indicateurs à venir.
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