L'assurance chômage secoue les syndicats

Signera, signera pas ? Le petit monde syndical et patronal aura, aujourd'hui, les yeux rivés sur la CFTC. Dans l'après-midi, elle doit décider si elle approuve, ou non, la convention d'assurance chômage conclue avant Noël par les partenaires sociaux. Si elle signe, la confédération chrétienne rejoindra le camp de la CFDT qui a donné son feu vert au texte jeudi dernier. Elle se démarquerait alors de sa négociatrice, Gabrielle Simon, qui se disait, fin décembre, « déçue du résultat, pas à la hauteur des enjeux ». Si elle rejetait l'accord, elle s'associerait au front du refus de la CGT et de FO. Et romprait avec sa traditionnelle stratégie réformiste.Les hésitations de la CFTC sur l'assurance chômage sont révélatrices des secousses qui déstabilisent le paysage syndical. La position commune sur la représentativité syndicale d'avril 2008 (qui donne une prime aux syndicats importants) a semé le trouble. Les trois « petites » organisations (CFTC, CFE-CGC et FO), menacées par les nouvelles règles, ont eu le sentiment d'être les dindons d'une farce concoctée par la CGT et la CFDT, seules signataires. Le ressentiment demeure. « Désormais, si elle signe avec la CFDT, la CFTC a le sentiment d'entrer dans une logique de vassalit頻, souligne Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail. Prudence à la CFDTLes signataires de la position commune ne sont pas plus à l'aise. Chantre de l'accord majoritaire, la CFDT ne veut pas prendre le risque de parapher seule l'assurance chômage. Et d'être, une nouvelle fois, assaillie de critiques comme lors de la réforme des retraites en 2003 ou de l'affaire des recalculés en 2004. Elle l'a payé cher lors des prud'homales de décembre, avec un recul de plus de 3 %. D'où ses pressions pour faire de la CFTC et de la CGC ses alliés et contraindre FO et la CGT à s'engager plus clairement en exerçant leur droit d'opposition.Côté employeur, la situation n'est guère plus simple. Pendant des années, menées d'une main de fer par Denis Gautier-Sauvagnac et Dominique de Calan, les trois organisations patronales présentaient un front uni dans toutes les négociations. L'affaire UIMM étant passée par là, les nouvelles têtes de file ? Patrick Bernasconi, Jean-François Pilliard, Cathy Kopp ? ont des difficultés à maintenir l'ordre dans leurs rangs. Ainsi, l'UPA (artisanat) a marqué sa différence lors des discussions sur la représentativité. Signataire d'un accord sur le dialogue social dans les TPE contesté par la CGPME et le Medef à de multiples reprises, elle a refusé de se prêter au jeu de la position commune. Mais c'est surtout la CGPME qui a fait entendre sa voix divergente, tant sur le chômage partiel, la formation que sur l'assurance chômage. « Elle se cherche une identité par rapport au Medef », souligne un négociateur patronal. Même si, le 14 janvier, elle pourrait se rallier à ces différents textes, elle a singulièrement compliqué les discussions.En arbitre de ces petits différends entre amis, le gouvernement. Qui devra notamment, dans les prochaines semaines, décider d'agréer, ou non, la convention d'assurance chômage. Le nombre de signataires sera alors déterminant. Agnès Laurent
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