Le football, la footbulle

Cristiano Ronaldo est sûrement un très bon joueur de foot. Mais pour le marché (on dit « mercato » dans le métier), le jeune attaquant portugais est tout simplement le meilleur joueur de tous les temps, puisque son prix est le plus élevé jamais payé pour un transfert. Le Real Madrid a offert 93 millions d'euros à Manchester United pour le faire venir la saison prochaine, pulvérisant les 75 millions d'euros déboursés en 2001 par le même Real Madrid pour racheter Zinedine Zidane à la Juventus de Turin. Florentino Perez, le président du grand club madrilène, et son conseiller, un certain Zidane, ont dû bien rire de démentir si vite le journal « L'Équipe » qui titrait mercredi « Zidane intouchable » après le rachat de Kakà au Milan AC pour « seulement » 67 millions d'euros, toujours par le Real Madrid. Il importe de préciser que les 93 millions d'euros ne correspondent pas au salaire de Cristiano Ronaldo. Ses émoluments devraient se monter à 9 millions d'euros net par an, pendant cinq ans, croit savoir la presse espagnole. Ça, c'est le contrat du travailleur Ronaldo. Mais les 93 millions sont le prix de l'actif financier « Cristiano Ronaldo ». En vendant cet actif, Manchester United fait une très bonne affaire et refile le risque au Real Madrid. Car c'est un actif risqué qu'un joueur de foot : outre les fragilités inhérentes à la nature humaine (le corps peut lâcher, l'esprit aussi), un sportif de 24 ans a une date de péremption rapprochée (dix ans au grand maximum). Pour le Real, il va donc falloir amortir au plus vite l'achat, ou plutôt les achats, puisque, après Kakà et Ronaldo, il vise Franck Ribéry, actuellement au Bayern de Munich : son investissement total en vedettes internationales du ballon rond atteindrait 200 voire 300 millions d'euros. Ambitieux, pour un club déjà endetté à hauteur de 400 millions, et dans un pays en crise profonde. Cette inflation des actifs a un nom, cela s'appelle une bulle. Michel Platini, le président de l'UEFA, s'est dit « interpell頻 par « l'enchaînement des transferts mirobolants au moment où le football européen fait face à de dangereux défis financiers ». La régulation, il l'a dit très clairement, est à l'ordre du jour dans l'univers du foot. Exactement comme dans celui des banques. Rien là d'étonnant, car les mêmes dérives sont à l'?uvre. L'optimisme délirant sur les rendements attendus, les rémunérations folles, la joie d'aller plus haut et plus fort que les concurrents, tout cela rappelle l'euphorie qui régnait à Wall Street juste avant l'explosion de la bulle. C'était il y a un [email protected] sophie gherardi
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