Les États-Unis s'inquiètent des violences de la lutte contre la drogue

Trois hélicoptères de la marine américaine, 39 camionnettes blindées, 4.000 policiers, 300 gardes présidentiels, des dizaines de francs-tireurs? C'est sous haute surveillance que le sommet nord-américain a réuni, dimanche et lundi à Guadalajara (ouest du Mexique), le président américain Barack Obama, son homologue mexicain Felipe Calderon, et le Premier ministre canadien, Stephen Harper, dans un pays en guerre contre les cartels de la drogue.Inquiétés par une vague de violence qui n'épargne plus leur territoire, les États-Unis et le Canada ont rappelé leur soutien au gouvernement mexicain. Mais le Congrès américain subordonne son aide au respect des droits de l'homme par l'armée mexicaine. « Nous renforcerons notre coopération contre les réseaux criminels transfrontaliers qui menacent nos trois pays », ont déclaré conjointement les dirigeants à l'issue du sommet. L'enjeu est de taille : depuis le début de l'année, le Mexique compte plus de 4.100 victimes de la lutte frontale menée contre les narcotrafiquants, malgré 36.000 militaires déployés sur le territoire.Cette explosion de la violence est aussi devenue un problème de sécurité intérieure pour les États-Unis et le Canada. Le gouvernement canadien annonce un plan de 15 millions de dollars pour former la police fédérale mexicaine. De son côté, Washington cherche à intensifier la stratégie commune de lutte contre le crime organisé. Lors de sa visite au Mexique, en avril dernier, Barack Obama avait reconnu la coresponsabilité des États-Unis en matière de consommation de drogue et de vente d'armes. Près de 90 % des 4.600 fusils de guerre saisis au Mexique en 2009 ont en effet été achetés sur le territoire américain.Aide bloquéePierre angulaire de cette nouvelle coopération bilatérale : l'initiative Mérida, votée en 2008 par le Congrès des États-Unis. Mais cette aide logistique de 1,4 milliard de dollars sur trois ans accordée au Mexique se fait attendre. La semaine dernière, le sénateur démocrate Patrick Leahy a conditionné le premier versement de 100 millions de dollars aux garanties du respect des droits de l'homme par l'armée mexicaine. Depuis des mois, les ONG dénoncent les abus des militaires au cours d'opérations antidrogue. Selon une étude universitaire mexicaine, publiée le 10 août dernier, les plaintes contre l'armée, déposées auprès de la Commission mexicaine des droits de l'homme (CNDH), sont passées de 182 en 2006 à 1.019 en 2008. Le chiffre atteint déjà 703 depuis janvier dernier.En face, le gouvernement mexicain minimise l'affaire. Pourtant, afin de dissiper les inquiétudes américaines, la Cour suprême du Mexique analysait depuis quelques jours un projet de loi visant à juger, devant un tribunal civil, les militaires ayant bafoué les droits de l'homme. Le gouvernement mexicain s'y oppose. Selon lui, une telle réforme fragiliserait une lutte qui n'est toujours pas parvenue à faire fléchir les cartels de la drogue. La Cour a statué hier, et rejeté le projet.Frédéric Saliba, à Mexicodepuis le début de l'année, le Mexique compte plus de 4.100 victimes.
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