Sal Oppenheim renfloué grâce à Deutsche Bank

queLa première banque privée d'Europe, Sal Oppenheim, s'accroche à son indépendance. Mais celle-ci ne tient plus qu'à un fil. Hier, l'institut, basé à Luxembourg depuis deux ans, a annoncé qu'elle augmentait son capital de 300 millions d'euros. Mais si la levée de fonds a été officiellement réalisée par les actuels propriétaires (une quarantaine de personnes issues des familles fondatrices), le financement en a été assuré par Deutsche Bank. Du coup, peu à peu, la banque créée à Cologne en 1789 pourrait glisser dans l'orbite du groupe de Josef Ackermann. D'ailleurs, l'opération était présentée comme un « premier pas » dans le cadre des discussions engagées la semaine dernière en vue d'une prise de participation de Deutsche Bank dans Sal Oppenheim.En réalité, l'indépendance est devenue un fardeau un peu trop lourd à porter pour les actionnaires de la « banque des riches » qui gère 132 milliards d'euros. Sal Oppenheim était pourtant, voici encore quelques années, un fleuron de la finance allemande. En 2005, avec le rachat de BHF, elle était devenue la première banque privée du Vieux Continent. Mais la crise et quelques investissements douteux ont changé la donne. En septembre dernier, Sal Oppenheim vole au secours du groupe de distribution Arcandor et en acquiert 25 % afin de sauver ses précédents engagements. En vain, car Arcandor est aujourd'hui en faillite. Parallèlement, la banque subit des pertes liées à son investissement dans le groupe immobilier IVG. Enfin, la crise des dérivés frappe de plein fouet les activités de la banque qui, en 2008, affiche sa première perte nette depuis 1945?: ? 117 millions d'euros. Sal Oppenheim réagit?: les participations dans IVG et Arcandor sont alors placées dans des sociétés ad hoc sous la responsabilité de ses actionnaires qui injectent 200 millions d'euros d'argent frais. manque de liquiditéMais cela ne suffit pas?: les dérivés continuent de peser lourd dans le bilan et la liquidité manque. Sal Oppenheim tente de vendre BHF, mais en vain. En juillet, l'agence Fitch abaisse la note du groupe de A à A ? avec une perspective négative et prévient que si « des mesures pour réduire le risque et renforcer le capital n'étaient pas prises, une nouvelle dégradation serait à prévoir ». Selon le « Handelsblatt », Fitch menaçait en fait de ramener la note de Sal Oppenheim à BBB?, en catégorie spéculative, ce qui aurait rendu le refinancement du groupe quasi impossible. Comme les actionnaires ne peuvent plus assurer le renflouement du groupe, la seule alternative reste Deutsche Bank. Un scénario qui, selon la presse allemande, aurait été soutenu par le gouvernement fédéral, peu désireux avant les élections de sauver directement une banque privée.Romaric Godin, à Francfort
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