Les emprunts d'État sous pression

obligationsLe malheur des uns fait le bonheur des autres. Et vice versa. Alors que les marchés d'actions américains et européens ont connu au cours des quatre dernières semaines des progressions de 12 % à 15 %, « les marchés obligataires gouvernementaux ont enregistré des performances négatives en juillet », constate le bureau d'analyses Pictet dans sa dernière lettre de conjoncture. Il semble loin le temps où les investisseurs n'avaient d'yeux que pour les emprunts d'État, c'est-à-dire lors de la faillite de Lehman Brothers, en septembre dernier. À l'époque, le phénomène de « flight to quality » avait par exemple ramené le rendement ? qui évolue en sens inverse du prix ? du bund allemand à 10 ans à moins de 3 %, un niveau historiquement bas. Aujourd'hui, ce rendement est remonté à 3,47 %.Cette désaffection des investisseurs pour les obligations d'État découle de leur regain d'appétit pour les actifs risqués, comme les actions. Un appétit qui va grandissant, à mesure que l'horizon macroéconomique s'éclaircit. À cet égard, la réunion de la Fed (Réserve fédérale américaine), qui donnera aujourd'hui son sentiment sur la santé de la première économie du monde, est très attendue par le marché. Or « une légère inflexion positive est probable », estiment les analystes de CM-CIC Securities. Autre élément susceptible de peser sur le marché obligataire américain, certains membres de la Fed ont évoqué une interruption du programme de rachat de bons du Trésor.6.800 milliards de dollarsEnfin, les marchés obligataires subiront cette semaine le poids de nouvelles adjudications : dans la zone euro, 11 milliards d'euros d'obligations devraient être émis, au total, selon une note de BNP Paribas, soit le double de la semaine précédente. Un montant qui s'élève à 75 milliards de dollars dans le cas des États-Unis. « Si ces adjudications ne devaient être que modérément bien accueillies, elles contribueraient à la remontée des taux longs », prévient CM-CIC. Les États ont certes besoin d'argent mais les investisseurs frôlent l'indigestion. Compte tenu de l'effort de relance budgétaire engagé aux États-Unis pour surmonter la pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale, le marché de la dette publique négociable américaine devrait atteindre un niveau record de quelque 6.800 milliards de dollars.Une consolation pour le marché obligataire : si les investisseurs boudent les emprunts d'État, leur engouement est en revanche fort pour les obligations d'entreprise, et en particulier pour le « high yield », autrement dit les sociétés présentant les qualités de crédit les plus faibles. Le « high yield » « affiche une performance exceptionnelle » depuis le début de l'année, souligne Pictet. Une preuve supplémentaire du goût retrouvé pour le risque. Christine Lejoux
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