Par Isabelle LefortAu c ? ur de l'immensité blancheAu mitan de...

Au c?ur de l'immensité blancheAu mitan de l'hiver, à Noël, si la température peut tomber à ? 40° en Laponie norvégienne, ce qui convient parfaitement aux aurores boréales, fin mars, mi-avril, le baromètre flirte seulement avec ? 20 °C, ? 10 °C, au mieux ? 8 °C. La nuit polaire finie, le soleil fait scintiller les cristaux de neige. Au drive-in de Kautokeino, qui accueille, comme chaque année, le Sami Film Festival, l'écran est de glace, et les sièges eux aussi façonnés dans la glace. Au crépuscule, on s'y retrouve, serrés les uns contre les autres, enveloppés dans des peaux de rennes, tandis que les Sami regardent les films assis sur leurs Ski-Doo. Comme s'il s'agissait là du spectacle le plus naturel du monde ! Totalement surréaliste, avec 99 % de films non sous-titrés, mais dont le charme opère sans traduction, le festival attire son lot de festivaliers internationaux, venus d'autres minorités, comme des Indiens d'Amérique, et quelques intellectuels hurluberlus fous de culture Sami. Emmitouflé du bout des doigts jusqu'à l'arête du nez dans une fourrure polaire, équipé de chaussures de montagne, de chaussettes en poils de renne, on tombe en amour pour la région. Ici, dans cette période de l'année qui coïncide avec le début de la migration des rennes vers la mer, inutile de vouloir chercher un hôtel à l'improviste ou de modifier un billet d'avion. La vie administrative s'arrête pendant une semaine. Pâques est sacré. C'est le moment pour les familles de s'installer dans les petites maisons que l'on réchauffe au poêle à bois, perdues dans la toundra, et de parcourir les étendues glacées avec les rennes, en ski de fond ou Ski-Doo. De l'aéroport d'Alta, situé en direction du Cap-Nord, à Kautokeino, la vallée qui s'étend sur une centaine de kilomètres vers le sud semble tout droit sortie de l'une de ces cartes postales illustrées anciennes. Les enfants portent des bonnets à pompon rouge vermillon, les chiens s'ébattent dans la neige, alors que les poissons tout juste pêchés au trou au milieu du lac gelé grillent au feu de bois. Les Sami arborent au quotidien leur habit traditionnel aux couleurs tonitruantes de rouge, vert, bleu. Les femmes portent robes, jupons et chapeaux enrubannés. Ici, la neige se glisse dans tous les interstices, seuls quelques troncs de bouleaux ponctuent, tels des notes sur une portée, cette étendue blanche. Dans le dictionnaire Sami, des centaines de mots s'emploient à définir la neige avec précision. Les Sami connaissent toutes ses subtilités, selon qu'elle soit poudreuse, qu'elle forme une croûte après un ou deux jours, qu'elle se pare de reflets turquoise si elle recouvre un ruisseau, épouse des tonalités orange si elle se dépose au tronc des bouleaux, c'est un inventaire à la Prévert. Sur les routes, elle danse comme le sable dans les dunes. De nuit, il n'est pas rare de croiser un lièvre arctique. Blanc, immense (la femelle mesure plus de 70 cm), des oreilles aussi longues que ses cuisses. S'il ne s'agit pas de celui de Vatanen, encore moins du lièvre de Patagonie de Claude Lanzmann, mais l'animal demeure immobile à notre passage. Imperturbable. Les journées s'étirent jusqu'à la nuit de promenades en thés pour se réchauffer. Les yeux sont éblouis, l'esprit vivifié. Gare toutefois à la réverbération, le seul point noir. nUn festival de cinéma en plein air, au c?ur du pays Sami, en pleine Norvège, par ? 20 °C, à quelques encablures du cercle polaire, comment résister ? Vacances de rêve/en Laponie
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