Pour Christine Lagarde, le « succès » de la médiation marque l'« échec » des banques

Réunis hier à la Banque de France, les 105 médiateurs départementaux du crédit ont été « félicités » par Christine Lagarde, ministre de l'Économie, pour leur mission visant à ce que « la liquidité puisse approvisionner les trésoreries » des entreprises. Neuf semaines après la mise en place, par le président de la République, d'un médiateur du crédit destiné à trouver un compromis dans les cas où les entreprises se trouvent face à un refus de crédit de leur banquier, le constat est plutôt positif, assure la ministre : sur les 3.443 dossiers acceptés au titre de la médiation (venant essentiellement de PME), 41 % d'entre eux ont été instruits, et, parmi eux, 63 % ont trouvé une issue positive.Dans le même temps, s'adressant aux médiateurs, elle en déduit que « votre succès, c'est leur échec ». Les banques sont directement visées. Pour la ministre, ces chiffres « sont le signe que l'appréciation sur le risque n'a pas été conforme au risque réel ». L'exigence est claire : « Les banques, toutes confondues, doivent se réorganiser pour mieux apprécier la dimension des risques. » Il ne s'agit pas, insiste-t-elle, de « jeter l'opprobre », mais l'enjeu, souligne-t-elle, est que la médiation, « d'essentielle tende à être superflue ».évolution positiveComme l'explique Henri Jullien, médiateur délégué au niveau national, « certes, les banques ne souhaitent pas accroître leur prise de risque, mais nous ne les poussons pas à prendre des risques inconsidérés. En revanche, on observe que si certaines évoluent vers plus de souplesse, d'autres font preuve de davantage de rigidit頻.Les médiateurs observent néanmoins une évolution positive des banques depuis la mise en ?uvre du système. Ainsi, l'un d'entre eux estime que, au début, la plupart des dossiers apportés à la médiation étaient liés à des « interruptions aberrantes du crédit alors que l'environnement de l'entreprise ne le justifiait pas ». Aujourd'hui, ces dossiers représenteraient une petite moitié du total.Dans les autres cas, explique Bernard Tesdesco, médiateur départemental, directeur régional Aquitaine à la Banque de France, ceux où l'entreprise rencontre de réelles difficultés mais où elle est fondamentalement viable, « le rôle du médiateur est de savoir s'il va partager la gestion du dossier avec d'autres acteurs, en l'espèce le trésorier-payeur général [pour prévoir des rééchelonnements de créances fiscales et sociales], Oséo [qui peut garantir et financer], les collectivités locales [dont certaines apportent des garanties ou des bonifications] ou d'autres banquiers. L'enjeu est d'élargir le cercle de financement de l'entreprise pour qu'elle puisse aller de l'avant ».Guénaëlle Le Solleu
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