La politique de la Fed au point mort

Taux d'intérêtSelon la dernière enquête prévisionnelle du « Wall Street Journal » auprès de 52 éminents économistes, les États-Unis renoueraient avec la croissance dès le troisième trimestre de cette année, le mois d'août mettant le point final à la récession. Cette sortie de crise constitue-t-elle le signe précurseur d'une modification de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine ? C'est ce qu'anticipent certains opérateurs de marchés qui prédisent une sortie de la politique de taux zéro d'ici à la fin de l'année (le taux des fonds fédéraux a été ramené dans une fourchette de 0 % à 0,25 % en décembre dernier). Le panel du grand quotidien américain ne souscrit pas à ce pronostic. Seuls 18 % des économistes interrogés avancent l'hypothèse d'un durcissement des conditions de crédit dès cette année. Ils sont 32 % à prédire une remontée des taux au premier semestre 2010 et 36 % à tabler sur un relèvement du loyer de l'argent seulement dans la deuxième partie de l'an prochain. Les 14 % restants ne croient pas que les taux seront modifiés avant 2011, voire au-delà. Principal message : la Fed devra rétablir son bilan qui a explosé en raison de la crise avant de relever le taux cible des fonds fédéraux.Avant que la Fed ne déboucle les 2.000 milliards de dollars qui constituent son actuel bilan, il lui faudra cesser de le creuser. Ce qui pourrait intervenir assez rapidement si l'on en croit les économistes : 70?% pensent que la banque centrale ne devrait pas accroître son programme d'achats de bons du Trésor. Laquelle banque centrale est jugée beaucoup plus efficace dans sa gestion de la crise économique et financière que le Trésor américain. Si une large majorité des économistes se dégage pour prédire un statu quo monétaire, c'est en raison de leurs anticipations de chômage persistant. Car même s'ils attendent un retour rapide de la croissance, ils pronostiquent une montée du chômage à 9,9 % de la population active d'ici à la fin 2009 et une très lente décrue ultérieure. Fin 2010, les économistes prévoient encore en moyenne un taux de chômage de 9,4 %, le niveau qu'il a atteint en mai. Sauf à risquer de casser une croissance embryonnaire, la Fed ne prendrait donc pas le risque de relever ses taux tant que l'économie américaine continue à détruire des emplois.Concernant l'actuelle dérive du marché obligataire, la moitié des économistes considère que la hausse des rendements des emprunts d'État constitue un signe de stabilisation des marchés. Ils n'y voient pas les prémisses d'un regain d'inflation. Seul un tiers des répondants considère que la hausse des taux longs reflète la hausse des déficits et des pressions inflationnistes.Isabelle Croizard
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