Éric Besson, artisan d'un New Deal du numérique

Éric Besson rêve d'un New Deal du numérique. Nicolas Sarkozy devrait l'aider à transformer cette idée en réalité. Le fait que, malgré la tempête financière qui préoccupe le pays, le président de la République annonce lui-même en grande pompe ce lundi matin sous les ors de l'Élysée le " plan numérique 2012 ", marque tout l'engagement de l'État dans cette ambition. La justification est même toute trouvée : l'investissement dans l'économie numérique devrait sauver la croissance qui nous file entre les doigts.Le chef de l'État va dévoiler quelques dispositions emblématiques d'un plan qui compte un peu plus de 100 mesures. C'est à Éric Besson, secrétaire d'État en charge du Développement de l'économie numérique, qu'il reviendra l'après-midi de détailler ce plan dont il est l'artisan. Un plan volontariste. Ainsi, Nicolas Sarkozy devrait avancer l'objectif du " haut débit pour tous " qu'il avait fixé en début d'année pour 2012. Et tout sera bon pour atteindre ce nouveau but, les technologies (ADSL, Wimax et satellite) et les financements (privé, aidé et public). Car la couverture des opérateurs télécoms et Internet risquait de laisser près de 4 millions de Français durablement en dehors de leur toile.UN SECTEUR TRES DYNAMIQUEMais plus encore, c'est par l'informatique et l'Internet à l'école, et dès le primaire, que le plan numérique va frapper les esprits. Et pas seulement parce que, de son bureau ministériel de l'hôtel de Broglie dans le VIIe, Éric Besson entend les enfants jouer dans la cour de récréation de l'école voisine. Pour concocter son plan, il est allé cet été voir ce qui se passe en Corée du Sud et en Californie - où la part des nouvelles technologies dans le PIB est au moins deux fois supérieure au niveau français - et en a rapporté une conviction : " Le numérique est le secteur le plus dynamique de l'économie, et la diffusion des nouvelles technologies dans la société est corrélée à leur usage à l'école. " Le volontarisme du gouvernement devrait aussi se traduire par des annonces à destination des PME. Aujourd'hui, à peine une sur deux est branchée sur l'Internet haut débit.Pour élaborer ce plan, Éric Besson avait lancé fin mai avec François Fillon les Assises du numérique. Il promet aujourd'hui que ce travail a été extrêmement fructueux. L'une des mesures phares du plan ne figurait même pas dans les 27 pistes de travail lancées avant l'été. Un site Internet collaboratif et 137 ateliers dans toute la France (au lieu de 40 prévus au début) ont permis de faire remonter des idées.UN PLAN CATALOGUED'autres surprises sont attendues, y compris pour les administrations en charge des dossiers numériques (comme par exemple le Conseil supérieur de l'audiovisuel, l'Arcep, en charge des télécoms ou la Direction du développement des médias) dans ce plan catalogue où se mêlent micromesures et décisions structurantes. Car Éric Besson et son cabinet ont déployé une énergie impressionnante pour que rien ne soit divulgué. Depuis un mois que des réunions interministérielles sont organisées sur des points techniques du plan, une stratégie militaire a permis de saucissonner le projet afin que personne ne puisse reconstituer le puzzle. Le cabinet d'Éric Besson est fier du résultat. Les autres ministères restent très agacés de la méthode. Mais, rattaché à Matignon, le secrétaire d'État, qui est aussi en charge de la Prospective et de l'Évaluation des politiques publiques, jouit d'un statut à part au sein du gouvernement. Et pas seulement en raison de son origine socialiste - Éric Besson avait claqué début 2007 la porte de l'équipe de campagne de Ségolène Royal pour rejoindre celle de Nicolas Sarkozy. Les domaines dont il a la charge concernent peu ou prou tous les ministères, mais il n'a aucune des grandes administrations. " Aucune ne dépend de lui, mais toutes doivent être à son service ", résume, perplexe, un haut fonctionnaire. Et, selon certaines sources, l'épineux volet de la constitution d'une administration pour le numérique, qui devait figurer dans le plan, est repoussé à plus tard.Mais Eric Besson est habitué à braver les résistances. Quand il ne cherche pas à les provoquer pour exister. Il sait qu'il doit encore se faire un prénom, et a souri quand, lundi dernier à Nice, alVoix ambiguë d'un coeur qui au zéphir préfère les jattes de kiwisors qu'il recevait ses homologues européens pour parler de l'Internet du futur, la commissaire européenne Viviane Reding s'est adressée dans son discours à Luc Besson (le cinéaste). Aussi n'est-il pas très chaud à l'idée que son plan numérique donne lieu à une grande loi. Il reconnaît lui-même que " dans l'opinion, il existe déjà une loi Besson "... celle de Louis Besson sur les avantages fiscaux pour l'immobilier locatif.Historique1958 : Naissance à Marrakech.1983 : Après une école de commerce et Sciences po,il débute à Renault Véhicules Industriels.1985 : Rédacteur en chef du magazine Challenges.1988 : Entre à la Générale des Eaux et gravit les échelonsau Parti socialiste dont il devient secrétaire national chargé de l'Emploi en 2000.2007 : Quitte Ségolène Royal pour Nicolas Sarkozy en pleine campagne présidentielle.
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