La SFEF fait ses premiers pas sur le marché obligataire

Sophie RollandMoins d'un mois après sa création dans le cadre du plan de sauvetage des banques à la française, la toute nouvelle Société de financement de l'économie française (SFEF) a fait ses premiers pas sur le marché obligataire hier. Un test plutôt réussi. La structure présidée par l'ancien directeur du FMI, Michel Camdessus, a émis 5 milliards d'euros de dette à 3 ans. Séduits par une garantie « à première demande, inconditionnelle et irrévocable » de l'État français, et une notation en conséquence (triple A chez les trois agences), les investisseurs ont afflué en masse. Les banques chefs de file (BNP Paribas, Calyon, HSBC, Natixis et Société Générale) ont rassemblé 12 milliards d'euros d'ordres, ce qui a permis de placer les titres avec une marge de 5 points de base (1 point de base = 0,01 %) au-dessus des taux swaps de référence, ou encore, ce qui est équivalent, 72 points de base au-dessus du BTAN (l'emprunt d'État) d'échéance comparable.Avec la mise en place progressive des différents plans de sauvetage européens, les émissions de titres bénéficiant d'une garantie étatique vont se multiplier. La Grande-Bretagne a ouvert la voie ces dernières semaines, avec les émissions de Lloyds TSB, Barclays, Royal Bank of Scotland ou encore HBOS. La SFEF, elle, s'est laissé la possibilité d'émettre jusqu'à 25 milliards d'euros d'ici à la fin du premier trimestre 2009 et un deuxième programme du même montant est d'ores et déjà prévu. Une abondance d'offres qui explique peut-être le niveau de la prime offerte aux investisseurs. À la fin du mois d'août dernier, la Cades, qui bénéficie d'une garantie implicite de l'État (elle aussi, notée triple A), avait émis 3 milliards d'euros de dette à 5 ans avec une marge négative de 14 points de base par rapport au taux swaps. Mais c'était avant la faillite de Lehman Brothers?financer l'économieLa SFEF a pour mission d'emprunter avec la garantie de l'État pour accorder des prêts d'une durée maximale de cinq ans aux banques, le but ultime étant de permettre un financement normal de l'économie. Pour bénéficier de ces financements, les établissements de crédit doivent apporter des créances en collatéral et payer une marge correspondant à des conditions normales de marché. « Le coût pour chaque établissement correspond au taux de l'émission auquel s'ajoute le coût de la garantie calculé pour chaque établissement », explique la SFEF. De telle sorte que la SFEF ne devrait rien coûter au contribuable. En théorie, elle pourrait même se révéler bénéficiaire. Mais le contribuable aura du mal à vérifier car, pour l'instant, l'organisme n'a pas dévoilé combien les banques avaient été facturées pour les 5 milliards d'euros qui leur avaient été prêtés le 24 octobre dernier.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.