Paris en plein clichés

Une édition 2007 décevante. Un marché de l'art plus ou moins en berne. Et pourtant ! La douzième édition du salon Paris Photo ? qui ouvre ses portes au public aujourd'hui ? s'annonce pleine de promesses.Par le choix des galeries, tout d'abord. Quatre-vingt-six d'entre elles, venues de dix-neuf pays aussi éloignés que l'Afrique du Sud (Michael Stevenson) ou la Corée (Keumsan Gallery), ont été conviées à la fête. Parmi elles, les incontournables, bien sûr. À l'instar des galeries Howard Greenberg ou Laurence Miller de New York. Mais aussi une flopée de maisons, moins connues mais toutes aussi intéressantes. Telle la Fabrica Galeria de Madrid.À toutes il a été demandé de penser à un accrochage particulier. Nature Morte, l'une des plus grandes galeries de New Delhi, a choisi de mettre à l'honneur les photos en noir et blanc délicates de Dayanita Singh où s'entremêlent rêve et réalité. La galerie turinoise Guido Costa Projects s'intéresse au journal intime avec des images de Nan Goldin et Boris Mikhailov. mise au point de femmesMais c'est surtout l'invité d'honneur de cette douzième édition qui créé l'événement. Car Paris Photo accueille, cette année, quatorze galeries et cinq maisons d'édition japonaises. Peu connue en Occident, la scène photographique nippone n'en est pas moins l'une des plus dynamiques au monde. Certes, on commence aujourd'hui à se familiariser avec les chroniques intimes d'Araki ou les photos urbaines de Daido Moriyama. L'heure est maintenant venue de découvrir la nouvelle génération emmenée par Rinko Kawauchi (Foil Gallery, Tokyo). « C'est un véritable Girl Power, confie Guillaume Piens, le nouveau directeur artistique du salon. Depuis les années 1990, il y a une explosion de femmes photographes au Japon. Nées dans les années 1960-1970, elles sont arrivées à l'âge adulte au moment où éclatait la bulle financière. Et cela a influencé leur perception des choses. Dans leurs photos, elles observent le quotidien, saisissent la fragilité de l'existence, s'en échappent et revendiquent l'individualité. » On retiendra parmi elles Asako Narahashi (Rose Gallery de Santa Barbara) qui revisite la thématique de la vague si chère à Hokusai ou Mika Ninagawa (Tomio Koyama Gallery) qui reprend l'iconographie populaire dans des tirages aux couleurs vives. Reste maintenant à savoir si la crise économique ne va pas gâcher la fête. « Les pièces à moins de 10.000 euros ne devraient pas être affectées par la crise, analyse Sylviane de Decker, historienne et consultante en photographie. En revanche, les images à plus de 100.000 euros devraient avoir plus de mal. Sauf s'il s'agit d'?uvres majeures signées des plus grands noms. »L'heure est alors peut-être venue de changer ses habitudes d'achat. En s'intéressant par exemple à la photographie non occidentale. Les Japonaises, déjà reconnues chez elles, sont encore abordables (il faut compter entre 5.000 et 10.000 euros) pour Asako Narahashi. Peut-être aussi faut-il se détourner des modes. « À qualité égale, la photographie du XIXe est souvent moins chère que la contemporaine, souffle Sylviane de Decker. » Il est possible de trouver un excellent Le Gray pour 60.000-80.000 euros quand il faut compter 300.000 euros pour un Gursky. Yasmine You
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