Les étrangers restent friands de dette américaine

Lors de la vente, mardi dernier, par le Trésor américain de titres de dette à 3 ans, le taux de participation des investisseurs étrangers est monté à 62,5 %. Un record qui a visiblement rassuré Washington et les marchés quant à l'attrait persistant de la dette publique américaine auprès des étrangers. Le lendemain, le placement d'obligations à 10 ans a été souscrit à plus de 45 % par des non-résidents, un score toujours honorable. Faute d'alternative de placement aussi liquide que les bons du Trésor américain, ces derniers se placent toujours facilement. Mais, à plus long terme, les stratégistes s'interrogent. La dette souveraine américaine ne cesse d'enfler : 1.584 milliards de dollars ont été empruntés par le Trésor depuis octobre 2008, et 900 milliards devraient l'être d'ici à décembre prochain. Or les étrangers, au premier rang desquels les Chinois, premiers détenteurs de « T bonds », se montrent de plus en plus réticents à l'idée de remplir les caisses de leur banque centrale avec ces seules obligations. le virage de la chineLes chercheurs du « think tank » Leap vont même plus loin : ils annoncent un retrait progressif de la Chine de ce marché. Ils constatent que les achats d'obligations du Trésor par Pékin au cours du premier trimestre 2009 ont baissé de 146 milliards de dollars par rapport à la même période de l'an dernier, la Chine privilégiant désormais la dette à court terme (3 mois). Une évolution à mettre en parallèle avec les achats ? en progression régulière ? des entreprises industrielles chinoises à l'étranger « qui semblent évoluer à un rythme croissant dépassant les 50 milliards de dollars par mois » (en intégrant les accords de swaps). Sans parler de l'évolution structurelle du pays, Pékin souhaitant à l'avenir privilégier l'économie intérieure, ce qui implique moins de capitaux à recycler.Si, dans le sillage de la Chine, les grands pays émergents qui financent aujourd'hui Washington (voir tableau ci-dessus) changent progressivement leur politique, les États-Unis ne pourront compter que sur eux-mêmes. Mais c'est déjà le cas actuellement puisque, selon une étude de la Société Généralecute; Générale, au premier trimestre, aidés par la remontée à 8 % de leur taux d'épargne, les Américains ont acheté 85 % des titres de dette nouvellement émis, soit 1.200 milliards de dollars. « Dans la tradition, ce sont les ménages américains, ainsi que les institutions financières, qui sont les principaux détenteurs de la dette du Trésor : ils devront reprendre ce rôle », soulignent les analystes de la banque. Cependant, entre 1995 et 2008, la situation était très différente puisque les acheteurs étrangers absorbaient environ 90 % des nouvelles émissions. Leur mérite ? « Ils achetaient des obligations du Trésor de manière très mécanique », poursuit la banque. Or les ménages américains, et encore plus les institutions financières, sont en général plus sensibles au rendement. Face à la concurrence des emprunts émis par les entreprises privées, le Trésor américain devra réagir. Probablement en majorant les taux qu'il offre sur sa dette.
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