Placement des chômeurs  : une évaluation délicate

Des rendez-vous réguliers pendant six mois, un conseiller qui ne s'occupe pas de plus de 50 demandeurs d'emploi à la fois, un réseau d'employeurs potentiels à disposition et, à terme, un retour vers un emploi durable. Telle est, en théorie, la prestation dont devraient bénéficier plusieurs dizaines de chômeurs d'ici à quelques semaines. Dès l'automne et d'ici à 2011, Pôle emploi confiera, en effet, à des prestataires privés la mission de reclasser quelque 150.000 salariés victimes de licenciement économique et 170.000 demandeurs d'emploi susceptibles de rester plus d'un an au chômage.Pour remporter l'appel d'offres dont les résultats ont été dévoilés en plein c?ur de l'été (« La Tribune » du 31 juillet), Sodie, Altedia, Manpower et autres Adecco ont dû prendre des engagements précis. Et accepter qu'une partie de leurs honoraires soit indexée sur le résultat obtenu. Selon le contrat passé avec Pôle emploi, en effet, 25 % du paiement est conditionné à l'obtention par le chômeur d'un contrat de travail de six mois ou plus. Et 25 % autres au maintien dans l'emploi pendant au moins un semestre.Reste désormais à construire des grilles de suivi des opérateurs privés pour s'assurer que leur prestation correspond bien à leurs engagements de départ. L'exercice devrait être assez simple, selon Alain Lecanu, vice-président (CFE-CGC) de Pôle emploi, en charge du comité d'évaluation. « Nous définirons les critères lors de notre prochaine réunion le 9 septembre, en nous appuyant sur les nombreux éléments qui figurent dans le cahier des charges », précise-t-il. Il souhaite que les premiers résultats de ces évaluations, réalisées par des prestataires extérieurs, soient connus dès la fin de l'année 2009.L'analyse est loin d'être la même dans d'autres syndicats, notamment à la CGT. « La question du contrôle et de la sanction est centrale. Nous avions demandé une labellisation des opérateurs privés. Cette idée n'a pas été retenue et la porte est ouverte aux marchands de soupe », regrette Éric Aubin, en charge de l'assurance chômage à la centrale de Montreuil.enjeu majeurPar-delà les querelles entre organisations syndicales, l'enjeu est majeur. Pôle emploi consacrera, en effet, environ 100 millions d'euros à ce projet en 2009 et 200 millions d'euros pour chacune des deux années suivantes. Des montants qui rendent nécessaire de prouver l'efficacité du recours au privé. Or, lors d'une précédente expérimentation, menée en 2007, l'évaluation provisoire réalisée par le ministère de l'Emploi, en juillet 2008, n'avait pas permis d'établir que les opérateurs privés obtenaient de meilleurs résultats que le programme d'accompagnement renforcé monté, à l'époque, par l'ANPE. Quant à l'appréciation définitive, prévue pour juin 2009, elle n'a, pour l'instant, pas été rendue publique? n
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