En Asie, la Corée, la Malaisie et le Vietnam dépendent des financements internationaux

Avec l'ampleur prise par la crise, les institutions de Bretton Woods ont préféré prendre les devants lors de leur forum le week-end dernier, et se préparer à réagir en cas de contagion aux pays en développement (PED). Ainsi le Fonds monétaire international (FMI) s'est dit prêt à "fournir aux différents pays qui le désireraient les liquidités dont ils ont besoin " comme c'est son rôle, a expliqué le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, qui a chiffré le trésor de guerre de son organisation à 200 milliards de dollars.Même philosophie pour la Banque mondiale qui étudie la création d'un fonds de recapitalisation des banques dans les pays émergents susceptibles d'être touchés par la crise de liquidités mondiales. Son président, Robert Zoellick, a conseillé à ceux de ces pays qui affichent une situation budgétaire saine et une balance des paiements excédentaires de " stimuler la demande intérieure " car " la réalité crue est que les pays en développement doivent anticiper et se préparer à une baisse du commerce extérieur, des envois de fonds et des investissements sur leur territoire ".Hier matin, la Banque asiatique de développement (BAD) a pris le relais. Son président, Haruko Kuroda, a admis que " la crise qui est née sur le marché du crédit aux États-Unis s'est propagée à l'Asie, minant la confiance des investisseurs et provoquant d'amples allers-retours sur les marchés boursiers ", ce qui explique aussi la hausse de la prime de risque sur les obligations asiatiques libellées en dollars offshore. " On peut prévoir que l'accès au capital va devenir plus dur pour beaucoup de nos pays membres en développement ", a-t-il ajouté. En réalité " l'accès au refinancement extérieur est devenu un vrai problème pour les banques de certains pays ", explique Edgardo Torija-Zane, économiste chez Natixis.LE WON CHUTE FACE AU DOLLARLa Malaisie, le Vietnam, le Pakistan et surtout la Corée, pays membre de l'OCDE, sont très dépendants des refinancements internationaux. " Les dettes extérieures des banques coréennes excèdent leurs avoirs et leur position nette était négative de 86 milliards de dollars en mai ", explique cet expert. Il ajoute que la Malaisie affichait une position extérieure négative de seulement 6 milliards de dollars et que le Vietnam est récemment parvenu à un bilan neutre mais précaire.Pour les banques coréennes, le refinancement en devises est d'autant plus problématique que la devise locale, le won, a reculé cette année (- 29 % contre le dollar depuis janvier). La situation est telle que le ministre des Finances coréen, Kang Man-soo, serait prêt à puiser dans les réserves de change nationales (239,7 milliards) pour permettre aux banques locales de rembourser leurs dettes en dollars.De son côté, la Commission coréenne des services financiers veut autoriser les grands conglomérats (chaebols) à accroître leurs participations au capital des banques de 4 % à 10 % pour les aider à résoudre ce problème de liquidités. Hier, Séoul a dû démentir des informations de la presse américaine affirmant que la Corée avait cherché à conclure un accord d'échange de dollars avec la Reserve fédérale américaine. De son côté, le président coréen, Lee Myung-bak, a dû intervenir pour rappeler que les réserves de change de son pays sont " 27 fois plus importantes que ce qu'elles étaient en 1997 ", année de la crise financière asiatique.Les pays du Golfe rassurent leurs marchésLes Bourses de Dubaï et d'Arabie Saoudite ont salué par de fortes hausses (proches de 10 %) les décisions des autorités locales. Ainsi, à Dubaï, le gouvernement fédéral a annoncé dimanche la garantie des dépôts bancaires et les prêts entre banques, tandis que la banque centrale à Riyad décrétait le même jour la baisse de ses taux d'intérêt d'un demi-point à 5 %, et le retour de 13 % à 10 % du taux de réserves obligatoires des banques commerciales saoudiennes. Ces mesures illustrent l'inquiétude croissante suscitée par la crise financière mondiale dans les pays du Golfe, mais aussi sur le sort des investissements de cette région du monde à l'étranger, estimés à 2.500 milliards de dollars, alors que leurs richesses en hydrocarbures, à l'origine d'excédents budgétaires colossaux, devraient a priori les mettre à l'abri des risques de pénurie de liquidités.La banque du Mexique vient en aide au peso" Si près des États-Unis et si loin de Dieu. " Une fois de plus l'adage mexicain se vérifie. Au-delà de la crise économique américaine, qui ne devrait pas manquer d'affecter l'activité du Mexique, la crise financière internationale se fait aussi sentir au sud du Rio Grande. Et en particulier sur la monnaie, qui ne cessait de perdre du terrain depuis trois semaines. La banque centrale est intervenue, en injectant un total de 8,9 milliards de dollars, dont 6,4 sur la seule journée de vendredi, afin de soutenir un peso tombé à un plus-bas historique. Opération réussie : hier, le peso reprenait des couleurs et gagnait près de 8 % à l'ouverture des transactions. Une poussée de telle ampleur n'avait pas eu lieu depuis 1995, date à laquelle le gouvernement mexicain avait annoncé une série de mesures en faveur de l'économie - et ce, trois mois après la crise qui avait entraîné la dévaluation du peso.
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