Le robinet du crédit grand ouvert alimente la spéculation

Si l'on constate en France la baisse de crédits nouveaux accordés par les établissements financiers de l'Hexagone, Pékin s'émeut du phénomène inverse. À la suite de l'annonce du plan de relance national de 4.000 milliards de yuans, les banques (toutes partiellement contrôlées par le gouvernement) avaient rapidement ouvert leurs vannes afin de remédier au ralentissement enregistré lors des mois d'octobre et décembre. Elles ont ainsi prêté en trois mois presque l'intégralité de l'enveloppe prévue pour l'ensemble de l'année 2009 : 4.580 milliards de yuans (479 milliards d'euros) des 5.000 milliards prévus.Les craintes des autorités chinoises et notamment de la banque centrale ne se concentrent pour le moment pas sur les montants prêtés mais sur leur répartition et leur utilisation. Selon le ministère de l'Industrie et de l'Information, seuls 5 % des crédits accordés au cours des cinq premiers mois de l'année l'ont été pour des PME, qui réalisent pourtant 60 % du PIB chinois. Selon une enquête de l'Académie chinoise des sciences sociales, ce manque de liquidité aurait provoqué la disparition de 40 % des PME chinoises depuis l'été dernier et aurait placé au bord de la faillite 40 % d'autres. À l'inverse, l'attribution des crédits étant décidée au niveau local, les grands groupes étatiques profitent en effet de leur entregent politique pour accaparer les prêts.Ces fonds seraient alors injectés, si l'on en croit les cris d'alarme lancés par de nombreux économistes dès le mois de février, dans les marchés boursiers et immobiliers et expliqueraient en grande partie leur dynamisme actuel. Aujourd'hui, même si l'économie chinoise montre depuis trois mois des signes persistants de rebond, les performances boursières de Shanghai et de Shenzhen et la reprise de l'immobilier semblent en effet totalement découplées de l'économie réelle. Le 24 juin, le régulateur bancaire a donc tapé du poing, rappelant que les crédits devaient servir l'économie réelle et non pas la spéculation des grands groupes étatiques sur les marchés boursiers et immobiliers.Après deux mois de réduction des nouveaux crédits en avril et mai, les autorités ont de nouveau annoncé le 8 juillet une nouvelle explosion de ceux-ci. Ils ont atteint 7.367 milliards de yuans (772 milliards d'euros) sur l'ensemble du premier semestre, soit presque le double du plan de relance. Lundi matin, le « Quotidien du peuple », en une, se faisait encore plus explicite estimant que la Chine « devrait veiller à une croissance raisonnable de la monnaie et du crédit, optimiser la structure du crédit [?] et prévenir les risques financiers latents ». Tristan de Bourbon, À Pékin
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.