Les réformes de Wall Street contrariées

Rarement discours aura été tant attendu. Barack Obama dévoilera demain les grandes lignes de la réforme réglementaire la plus ambitieuse de Wall Street depuis les années 1930. Le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, s'empressera de la défendre jeudi au Congrès. Car après avoir déjà contraint l'administration à renoncer à des pans entiers de la réforme visée, ce sont les parlementaires qui décideront, in fine, de son ampleur. Le Trésor a préparé les esprits à d'importantes concessions : exit, la fusion entre le gendarme boursier (SEC) et celui des marchés dérivés (CFTC), censée mettre un terme à la fragmentation de la supervision. Oublié, le plafonnement des rémunérations à Wall Street. Recalé, l'avènement d'un régulateur unique pour les banques et certains assureurs. Le prochain bras de fer avec le Congrès portera sur le rôle de la Réserve fédérale dans la prévention du « risque systémique ». La Fed obtiendra certes des prérogatives accrues dans ce domaine ? au grand dam d'élus dénonçant une telle concentration de pouvoirs ? mais elle devra composer avec un « conseil des régulateurs ». Malgré ces concessions, l'administration promet que sa réforme empêchera que l'histoire ne se répète. Timothy Geithner a prévenu, hier, que les institutions financières seront soumises à des critères de capitalisation et d'endettement qui les empêcheront de déstabiliser le système économique. Un « mécanisme de résolution » permettra au gouvernement de prendre le contrôle d'institutions non bancaires quand elles sont en passe de sombrer. Hedge funds et marchés dérivés seront étroitement surveillés. Les émetteurs d'obligations adossées à des actifs (ABS) devront, selon la chaîne CNBC, conserver une participation de 5 % dans ces opérations tandis que les agences de notation seront sommées de révéler tout conflit d'intérêt. Enfin, une agence chargée de superviser les produits financiers destinés aux particuliers sera créée. Un régulateur de plus donc, mais peut-être la fin d'arnaques multiformes pour des millions d'Américains. Éric Chalmet, à New York
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