La boussole des marchés s'affole

Dans son discours prononcé lundi à la tribune de l'Organisation internationale du travail (OIT), le président français, Nicolas Sarkozy, n'a pas eu de mots assez durs à propos des marchés financiers, stigmatisant le retour de la spéculation, en particulier sur le pétrole. Certes, le lieu s'y prêtait, mais la configuration des marchés ces derniers temps y contribue aussi. Samedi, déjà, dans une conjoncture qui continue à se dégrader, les ministres des Finances du G8 s'inquiétaient de « la volatilité excessive des prix des matières premières qui représente un risque pour la croissance ». Leur souci est justifié. Alors que la demande mondiale de métaux ou d'énergie stagne voire baisse ? celle du gaz naturel recule pour la première fois depuis cinquante ans ?, on ne peut que rester dubitatifs devant le jeu des montagnes russes que tracent les courbes des cours sur les écrans des opérateurs. On peut y voir des écarts de cours d'un jour à l'autre pouvant avoisiner les 10 %. Est-ce le timide retour sur les « commodities » d'hedge funds ayant échappé au boulet du subprime, de financiers se couvrant de la baisse du dollar, sans compter les particuliers qui jouent les ETF (fonds indiciels cotés) plutôt que les actions ? Et tous les cours montent en faisant des zigzags : + 25 % depuis début février pour l'indice CRB, qui agrège un panier de 19 produits de base. L'argument qui motive les investisseurs est que l'offre physique de matières premières peinera à répondre à la demande le jour où l'économie mondiale s'emballera. Le prix du fret maritime, indicateur de la demande physique, n'a-t-il pas bondi de près de 420 % depuis son effondrement de novembre ? Bref, le supercycle de ces dernières années ne ferait qu'une pause? faisant espérer une sortie rapide de la crise. Mais cette embellie pourrait être davantage liée à une reconstitution de stocks plutôt qu'à une franche reprise de la demande industrielle. Dans ce cas, les atermoiements des cours refléteraient plus l'affolement de la boussole de l'économie mondiale à trouver son nord, et le désir de prophéties autoréalisatrices. nPar Robert Jules, journaliste à « La Tribune ».
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